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«Nous demandons la levée du gel du projet du théâtre régional»

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- El Oued connaît, comme d’autres villes du sud du pays, un mouvement théâtral actif. Parlez-nous de cette activité culturelle... Ce mouvement évolue depuis les années 1970 et 1980. A l’époque, des spectacles de théâtre étaient présentés dans les fêtes de mariage ici à El Oued. La ville comptait plusieurs troupes comme Maraya, Al Masantah, Panorama, Al Aârayes... Malheureusement, nous avons un problème d’espaces ici à El Oued. La salle où se sont déroulés les spectacles des Journées maghrébines du théâtre ne répond pas réellement aux normes techniques de la scène. Nous n’avons pas de salle de spectacle ici à El Oued. Ni pour le théâtre, ni pour la musique, ni même pour les activités officielles ou pour les meetings des partis. Nous demandons la levée du gel du projet du théâtre régional. Ce projet, une fois achevé, va libérer l’activité artistique dans toute la région. - Comment expliquez-vous qu’on n'a pas pu trouver pendant quatre ans une assiette foncière dans une ville saharienne où l'espace n’est pas une denrée rare ? Nous leur avons proposé de construire le théâtre même en plein désert avec la promesse d’en faire un lieu de rencontre par excellence avec nos activités. Il suffit seulement d’ouvrir des voies. Certains responsables font des calculs étroits pour garder des espaces et des assiettes foncières. Tamanrasset est quatre fois plus grande qu’El Oued et on a avancé le même arguement pour reporter le projet du théâtre régional. En Algérie, il existe une mafia du foncier qui avale tout et fait qu’au sahara une maison est vendue au même prix qu’à Alger ou en Europe ! - Comment est née l'idée d'organiser ces Journées maghrébines sur le théâtre ? Entre 1998 et 2002, nous avons organisé le Festival du théâtre des jeunes. En 2013, naissait l'idée d’organiser des Journées maghrébines du théâtre. La première édition s’est déroulée dans de mauvaises conditions, mais il fallait relever le défi. Nous avons ensuite organisé deux autres éditions pour arriver à celle de 2016. Cette année, le ministère de la Culture a décidé de nous aider. Pour les opérateurs privés et les hommes d'affaires, il n’y a pas encore de culture du sponsoring. Certains responsables locaux - pas tous heureusement - n’ont pas cette culture aussi. Cela dit, nous avons reçu un soutien de la part de l’administration locale pour réaliser notre projet. Les opérateurs économiques n’accordent pas de l'intérêt pour la culture. Sollicitées, les grandes entreprises n’ont pas répondu à notre demande. Par le passé, nous avons envoyé un dossier au ministère de la Culture pour avoir un soutien financier. A trois reprises on nous a dit que notre dossier a été égaré ! Cette année, Azzeddine Mihoubi nous a vite répondu. Il connaît nos contraintes et est au courant du dynamisme du mouvement théâtral dans la vallée du Souf.

El Oued croit au printemps du théâtre

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Ahmed Amrani, Nabil Messaï, Hicham Menani, Amar Mostefaoui, Fares Chaâbani, Lotfi Lekhoua et d’autres artistes et intellectuels relèvent depuis quatre ans le défi d’organiser, à El Oued, les Journées maghrébines du théâtre. Les animateurs de l’Association Ochaq el khachaba (Les amoureux de la scène) sont allés, malgré le manque de moyens, jusqu’au bout de leur rêve en organisant une manifestation culturelle annuelle dédiée au quatrième art dans une ville qui n’a pas d’espace réservé au théâtre. Une ville où il n’y pas de galerie d’art ni de salle de cinéma. Le chantier de rénovation de l’ancienne maison de la Culture Mohamed Lamine Lamoudi, située au centre-ville, traîne depuis deux ans. Le projet du Théâtre régional d’El Oued est passé par plusieurs «phases» bureaucratiques. «Ce projet est bloqué en raison de l’inexistence d’assiette foncière. Vous imaginez, on nous parle de problème foncier en plein sahara. Cela ressemble à une blague !» ironise Ahmed Amrani, président de l’Association Ochaq el khachaba. Selon Ahmed Douyem, directeur de la culture, le projet du théâtre régional est gelé par mesure d’austérité du gouvernement. Ce projet a été inscrit en 2012 et doté d’un budget de 470 millions de dinars. Un terrain de deux hectares a même été dégagé au quartier Taksbet. La fin des travaux était prévue pour 2014. Que s’est-il donc passé pour que le projet ne démarre jamais ? Le ministère de la Culture a pourtant programmé plusieurs projets, dont la réalisation d’un complexe culturel à El Oued et la sauvegarde des anciens quartiers à Guemar et El M’ghaei. L’austérité va-t-elle tout remettre en cause ? «Les jeunes veulent respirer, participer ou assister à des activités culturelles. Ils ont besoin d’espaces pour cela. Nous nous faisons pas de pression sur l’autorité, mais nous voulons qu'elles s'intéressent un peu aux demandes des jeunes du sud du pays», souligne Nabil Ahmed Messaï, coordinateur des Journées maghrébines du théâtre. Pour Ahmed Douyem, El Oued est, sans conteste, une ville de la culture en Algérie. Il cite l'existence de toutes les formes de la poésie comme le Melhoun et le Fassih et les chants populaires. «La troupe Ochaq el khachaba qui organise ces journées a fait d'El Oued une des villes du théâtre en Algérie. Et je peux vous dire qu’il y a aura un théâtre régional dans les prochaines années», dit-il. Des lignes qui bougent Créée en 2006, l’Association Ochaq el khachaba ne cesse de faire bouger les lignes dans la Vallée du Souf poussée pour un grand amour pour les arts vivants. «Nous sommes tous des comédiens dans plusieurs troupes et nous avons décidé de créer cette association car nous partageons le même intérêt pour le théâtre. Certains sont partis, d’autres sont restés. Nous continuons notre action avec l’espoir d’élargir la culture du théâtre dans notre région, mais aussi celle de la paix», explique Ahmed Amrani. Ochaq el khachaba veut contribuer à la consolidation d’un dynamique mouvement théâtral dans le sud du pays. Elle partage ainsi le travail que font dans la discrétion Haroun Kilani et Ali Kerboun à Laghouat, Okbaoui Cheikh et Abdelkader Rouahi à Adrar, Abdelkader Azzouz et Wahiba Baali à Tamanrasset, et d’autres artistes à Tindouf, Biskra et Djanet. «Avant d’être une association, Ochaq el khachaba est d’abord une troupe de théâtre. Nous sommes en tout une trentaine de membres», précise Ahmed Amrani rappelant que Ochaq el khachaba a décroché le prix du meilleur comédien en Jordanie et a représenté l'Algérie au Maroc et en Egypte. Ochaq el khachaba a produit plusieurs pièces depuis sa création : Al maktab 13 (Bureau 13), qui traite de la question du chômage, Mouch maâkoul (Incroyable), El harba wine (où fuir)... «Nous venons de terminer un monodrame, Dhilou al général (L’ombre général) qui sera présent au prochain festival du monodrame au Koweït», annonce le président de l'Association. Parlant des troupes invitées du Maghreb, et parfois du Moyen-Orient, Nabil Ahmed Messaï a insisté sur l’importance d’échanger des expériences. «Nous voulons avoir un jumelage entre troupes, faire connaissance. Cette année, nous avons choisi le slogan ''Théâtre au service de la paix et de la réconciliation'' parce que le théâtre est proche du public. C'est le meilleur vecteur d'idées», note-t-il. Il évoque le projet d'un montage d'une pièce maghrébine commune pour 2017. «Nous voulons former une nouvelle génération du théâtre. Notre idée est de puiser dans le réservoir des étudiants de l’université d’El Oued. L’université doit être et doit rester le lieu de rayonnement culturel pour l'ensemble de la société», souligne-t-il. La quatrième édition des Journées maghrébines du théâtre a connu quelques difficultés sur le plan de l'organisation. Une troupe marocaine a confirmé sa participation aux Journées avant de se retirer. Khedoudji Sabri, qui devait être membre du jury, a été bloquée aux frontières par les pafistes tunisiens qui lui ont reproché de ne pas avoir un passeport biométrique. «Comment peut-on encore demander aux Libyens d'avoir des passeports biométriques alors que le pays est en état de guerre ?» proteste Ahmed Amrani. Selon lui, l’ambassade d’Algérie à Damas a refusé d’accorder des visas à des artistes syriens qui étaient invités à El Oued. Aucune explication ne leur a été donnée. «Nous reconnaissons l’existence de certaines faiblesses et nous promettons d’améliorer l’organisation l’année prochaine», déclare Nabil Ahmed Messaï. Ahmed Amrani a, lui, souhaité que les Journées passent au statut de festival institutionnalisé par l’Etat. Pour rappel, le grand prix des 4es Journées maghrébines du théâtre a été décroché par le monodrame Rahla de Tounes Aït Ali. L’édition 2016, qui s’est déroulée du 15 au 19 février, était dédiée au comédien Sid Ali Kouiret, disparu en 2015.

Une qaâda algérienne au parc d'Aspire

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C’est encore l’une des journées  printanières qui  s’installe a Doha en ce mois de février. Des membres de la communauté algérienne au Qatar décident d’organiser un pique-nique collectif au niveau du superbe parc d’Aspire de Doha. L’immensité de l’espace permet d’accueillir de très nombreuses familles de 67 nationalités, issues de plusieurs pays des 5 continents. La convivialité entre toutes les communautés qui résident au Qatar se traduit magnifiquement  au parc d’Aspire à Doha. Arrivées au niveau des parkings propres, les familles algériennes quittent leurs véhicules pour se diriger séparément vers le gigantesque espace vert d’Aspire. Dispersées sur le gazon, des centaines de familles des autres pays du monde entier sont déjà installées. Des formes géométriques se dessinent sur le gazon du parc d’Aspire, selon les regroupements des personnes. Les retrouvailles entre les familles issues des wilayas de notre pays se déroulent dans la joie et la bonne humeur. C’est une qaâda algérienne en formation. Les épouses algériennes se rassemblent toutes seules à une vingtaine de mètres du cercle formé par leurs époux. Les sujets de discussion abordés diffèrent d’un cercle à un autre. Parmi les épouses, nombreuses sont les diplômées des universités algériennes en médecine et les filières littéraires. Les retrouvailles entre les hommes sont plus bruyantes. Des éclats de rire fusent sporadiquement des cercles. Un jeune Egyptien marié à une algérienne discute avec les jeunes algériens au sein d’un petit cercle. Il y a des célibataires qui se joignent au cercle, tout en se soumettant à la discipline du groupe. On échange les coordonnées pour renforcer le réseau de la communauté algérienne qui réside au Qatar. Chaque famille ramène ses sachets remplis de boissons, de galettes, «mhadjeb», «ftayere», des pâtisseries traditionnelles imbibées de miel, «cherbete», jus maison, thé, café, autant de produits et de boissons préparés à la maison, y compris les dattes de Biskra qui venaient d’arriver. Les jeunes filles et garçons nous surprennent par leurs échanges dans la langue de Shakespeare. Algériens enseignants à l’université, ingénieurs dans le secteur pétrolier, techniciens en sport, architectes, informaticiens, chimistes, traducteurs, ingénieurs en travaux publics, employés dans des entreprises qataries, ainsi que des diplômés en quête d’emploi, autant de professions qui se sont croisées le temps de ce rendez-vous au parc Aspire entre les membres de la communauté algérienne établis au Qatar. Une rencontre pour se replonger dans l’ambiance made in Bladi. La solidarité entre les Algériens est active. Un mouvement associatif virtuel qui fonctionne grâce à l’utilisation des réseaux sociaux. Les activités culturelles et sociales sont développées chez les algériens, à l’instar des communautés des autres pays qui vivent au Qatar. «Nous avons été ruinés et démunis hors de notre pays» «Puisque vous êtes parmi nous et que vous allez repartir en Algerie, me déclare Farouk, un jeune célibataire de 31 ans, originaire de la wilaya d’Alger, il faut informer, me dit-il, les jeunes Algériens pour  qu’ils ne viennent pas au Qatar sans suivre la voie officielle, ajoute-t-il, car personnellement j’ai vendu mon véhicule et j’ai dépensé toutes mes économies pour payer au prix fort l’achat d’un visa qatari afin de venir travailler ici ; j’avais été malheureusement floué par une agence de voyages algérienne qui m’avait proposé une offre d’emploi dans une société qatarie ; j’y ai cru fortement, mais une fois que j'ai atterri à Doha, je n’ai pas cessé de téléphoner à l’employeur pour qu’il vienne me récupérer à l’aéroport de Doha comme cela avait été convenu avec l’agence de voyages d’Alger. Je me suis retrouvé planté à l’aéroport avec quelques euros, alors que la société qui devait m’accueillir a déposé son registre de commerce soi-disant pour des problèmes financiers, enchaîne-t-il. Il y a un business florissant qui s’est développé entre des individus au Qatar et leurs complices, leurs relais en Algérie et bien d’autres pays de l’Asie. Beaucoup de jeunes rêvaient de travailler honnêtement au Qatar pour préparer leur avenir. Nous sommes tombés dans le piège des intermédiaires. Ce n’est pas une vie que nous menons ici ; pour ma part, j’ai honte et je ne peux pas retourner dans mon quartier ; là-bas, la famille et les copains pensent que je suis bien installé à Doha. Nous avons été ruinés et démunis hors de notre pays. C’est mon cas. J’ai vécu l’enfer. J’ai pu régulariser ma situation au bout de 3 années, mais je me retrouve toujours sans emploi. Mon diplôme n’a pas été validé par le ministère de la Formation professionnelle, naturellement l’administration du Qatar ne reconnaît pas nos diplômes obtenus après une formation dans cette école privée à Alger. Pour le moment, je fais de petits boulots pour ne pas mourir de faim à Doha. Je passe mes nuits dans des dortoirs collectifs qui me coûtent moins cher. Je suis en contact avec mes frères algériens ici qui m’aident de temps à autre», ajoute le jeune Farouk. Les membres de la communauté algérienne avaient réuni la somme du prix d’un billet d’avion Doha-Alger afin d’aider un jeune qui était au bord de la dépression nerveuse à retourner au pays. Les conséquences de l’escroquerie et de la misère vécue à Doha par nos jeunes compatriotes qui croyaient que l’aventure par le canal des intermédiaires était une solution pour quitter leur pays. D’autres jeunes victimes de ces pratiques illégales nous avouent qu’ils avaient passé des moments très difficiles à Doha. Un jeune de 31 ans a passé 3 jours sans manger. Dormir à la belle étoile, c’est monnaie courante chez ces algériens qui croyaient trouver l'eldorado. Le système «D» est appliqué par des jeunes plus dynamiques afinde ne pas tomber dans l'abîme. Fausses promesses des intermédiaires La solidarité entre les algériens atténue un tant soit peu les souffrances de leurs compatriotes aventuriers. «Le message que nous voulons transmettre avec insistance aux jeunes crédules qui désirent venir travailler au Qatar, nous déclare Abdelkader, c’est qu’ils doivent se soumettre aux règles officielles du pays d’accueil et surtout éviter de passer par des agents intermédiaires qui prétendent connaître des responsables dans les entreprises au Qatar ou des agences algériennes de l’emploi ou de voyage et de tourisme qui proposent des offres d’emploi avec des salaires mirobolants ; c’est de la pure escroquerie. Alors, s’il vous plaît, publiez notre appel, car au Qatar il faut travailler dans la légalité pour mener une vie décente», conclut Abdelkader. Il fait déjà nuit au parc Aspire. Les enfants commencent à ramasser les sachets et les emballages afin de respecter la propreté du parc Aspire. Hocine ramène un carton rempli de gadgets aux couleurs algériennes. De petits emblèmes nationaux sont distribues aux enfants et aux jeunes. Ammi Omar distribue à son tour des bonbons aux enfants, heureux, après avoir passé des heures sur le gazon du parc Aspire avec leurs copains. L’évasion constituait un bol d’air «parfumé» aux arômes naturels pour les pique-niqueurs. Oussama, très actif depuis son arrivée au Qatar il y a déjà 18 mois, reconnaît qu’il a passé lui aussi des moments difficiles, avant de se mettre sur les rails de la vie professionnelle. «Je suis en effervescence, car je suis bien introduit dans le commerce des fruits et légumes ici à Doha, nous révèle-t-il ; sachez qu’il y a un Tunisien qui exporte des tonnes de pomme de terre de Oued Souf pour revendre ce produit agricole algérien à un importateur issu d’une monarchie arabe installé ici à Doha ajoute-t-il. Je m’interroge toujours pourquoi les décideurs de notre pays refusent d’encourager les opérateurs économiques algériens à exporter leurs légumes et leurs fruits, notre pays a la réputation des beaux discours creux, des slogans, des lois et c’est tout, mais nous ne voyons rien de concret. La pomme de terre est arrivée par voie maritime jusqu’au port de Dubaï, ensuite elle a été ramenée par voie terrestre jusqu'à Doha pour être vendue sur les étals des grandes surfaces à un prix qui avoisine les 213 dinars algériens. Nos voisins marocains et tunisiens exportent plusieurs sortes de légumes et de fruits vers le Qatar  ; voilà, c’est dit, je souhaite à mon tour que mon cri sera entendu par nos responsables, les energies doivent être libérées en Algérie dans l’intérêt économique national, nos produits ont largement leur place sur les marches qataris», conclut Oussama. Les fèves de Tunisie (986 DA/kg), l’ orange Navel du Maroc (927 DA/kg, la clémentine du Maroc (475 DA/kg), la menthe fraîche du Maroc (416DA/kg), les haricots verts du Maroc (1446 DA/kg), quelques produits agricoles parmi tant d’autres qui achalandent les étals des stands des fruits et légumes des surfaces des grandes enseignes installées au Qatar. Une qaâda algérienne au parc Aspire révélatrice de plusieurs contradictions algériennes : telle est l’idée essentielle retenue après avoir quitté les lieux.

Pourquoi le séisme de Hammam Melouane ne devrait pas nous affoler

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Abdelkrim Yelles Chaouch, directeur du Centre de recherche en astronomie astrophysique et géophysique (CRAAG) livre une lecture scientifique des récents séismes ayant eu lieu récemment dans le centre du pays. Axant son travail sur une meilleure  compréhension de la façon dont les plaques se déplacent, Abdelkrim Yelles Chaouch, directeur du  Centre de recherche en astronomie astrophysique et géophysique (CRAAG) nous a  donné, en marge de la 1re conférence des géosciences arabes, une lecture des récentes secousses ressenties dans la région de Hammam Melouane (près de Blida) et jusqu’à Alger et ses environs. S’il est admis que de nombreux séismes se sont manifestés à  Hammam Melouane, ainsi que dans la région centre du pays, aussi bien dans l’histoire que durant la période récente avec un certain nombre d’événements, il apparaît, à en croire Yelles Chaouch, que les dernières secousses ont permis de libérer l’énergie accumulée, évitant ainsi une catastrophe majeure dans cette zone. Les trois récents séismes forts perceptibles qui ont eu lieu récemment dans la région sont, d’après les travaux menés par le Craag, tous interconnectés. «Il y a à Hammam Melouane, explique-t-il,  un réseau de petites failles qui ont joué les unes  après les autres. Sur un périmètre très réduit, il  y a trois segments de failles de petite dimension, c’est ce qu’on appelle un segment de faille inverse qui a été repris par une autre faille de transfert». Les différents tremblements de terre ayant eu lieu récemment seraient en réalité un seul et même événement qui s’est produit en trois temps dans une toute petite zone. Ces séismes modérés d’une magnitude variant de 4 à 5 (sur l’échelle de Richter) ont occasionné, à leur tour, une série de petites répliques plus ou moins perceptibles par la population. Les  trois événements, dit Yelles Chaouch, sont interconnectés les uns avec les autres dans la même zone. On peut parler de trois événements qui ont permis, chacun son tour, de dégager l’énergie emmagasinée. Un séisme de plus grande ampleur dans cette même zone est-il envisageable ? «Ce que l’on sait, souligne Yelles Chaouch, c’est que sous cette forme une grosse partie de l’énergie a été libérée dans cette zone. Trois séismes d’une magnitude de 4 à 5, c’est très important, cela veut dire qu’il y a eu durant une longue période une accumulation d’énergie dans cette zone et qui a été restituée sous forme de trois petites secousses.» Pour sûr, il est préférable d’avoir trois tremblements d’une magnitude modérée qu’un grand séisme dont les dégâts pourraient être colossaux. Un phénomène  similaire a été observé dans la région de Beni Ilmane (wilaya de M’sila) il y a quelques années avec trois événements modérés. Béjaïa, dans sa partie marine, a aussi été concernée récemment par des séismes ayant les mêmes caractéristiques. «Les travaux que nous avons menés ont montré que plusieurs événements modérés se sont produits dans une même zone. L’énergie a été libérée sur trois segments de faille, ce qui est important. Cette libération ne s’est pas faite par un événement unique. Cette segmentation des failles est, pour nous, un enjeu important pour voir comment la rupture sismique se fait. C’est une caractéristique qu’on observe maintenant dans les séismes algériens, cela est plutôt réconfortant.» Le nord du pays reste néanmoins vulnérable face aux séismes. Le Craag a répertorié trois grandes zones sismiques en Algérie du nord : le Tell et la partie marine, cette dernière qui est la plus exposée, les Hauts-Plateaux, un peu moins exposés car à l’arrière de la zone tellienne et, en dernier lieu, l’Atlas saharien. C’est ce qu’on appelle un «macro-zonage». A l’intérieur de ces zones, il y a des sous-zones avec des paramètres de sismicité qui leur sont propres. La sismicité va en décroissant du nord vers le sud, de la partie marine vers la partie saharienne. Fait nouveau : une activité sismique a été observée dans le Hoggar. Il s’agit, certes, d’un petit séisme (4,7 sur l’échelle de Richter), qui a eu lieu en 2014 à l’est de la ville. Nous nous attelons à comprendre l’origine de cette sismicité. C’est une géologie différente du reste de la zone. C’est un fait avéré : c’est une zone à faible sismicité, mais elle existe. Cela fait partie des découvertes qui concernent l’activité sismique en Algérie. Il faut en tenir compte et faire en sorte de mener des travaux de recherche pour mieux comprendre son origine et son impact. Les séismes offshore représentent aussi pour les chercheurs du Craag un champ d’investigation et de grandes missions de recherche dans cette zone, et on a pu comprendre qu’effectivement c'est une région sismique de la même importance que la partie terrestre. Et c’est notamment là que s’est produit le séisme de Boumerdès. On va de la sismicité de grande échelle vers des micro-échelles dans chaque zone où se produisent ces secousses ; par quels mécanismes, quelles sont les structures, quelles sont les failles, comment ces failles vont pouvoir donner lieu à des événements - que nous espérons par de petits segments - comprendre le pourquoi de l’activité que l’on a tout au long de l’année.    

De braves hommes et femmes enterrés dans l’oubli

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Décrétée officiellement en 1992, la célébration (18 février) de la journée nationale du chahid revient chaque année avec son lot de festivités et de commémorations officielles «parrainées», comme toujours, par les plus hautes autorités du pays. Algérie Poste, qui ne rate d’ailleurs pas ce genre d’événement, a été au rendez-vous le 18 février 1994, en émettant un premier timbre du genre, sur un dessin allégorique de Kamer-Eddine Krim. Il sera suivi cinq ans plus tard par un second timbre, œuvre du même dessinateur et travaillé dans la même veine. Certains ont même cru à un bon commencement, en espérant que la Poste sorte du carcan des ennuyeuses et désespérantes émissions allégoriques pour s’engager dans un véritable travail de mémoire, en mettant sur timbres les figures historiques de la Révolution, tombés en martyrs, mais aussi ceux qui ont donné leur vie à cette patrie, parmi les gens du peuple, qui n’ont jamais eu de responsabilité politique. Mais il n’en fut rien. Les rares apparitions de portraits de martyrs sur des timbres l’ont été en dehors de la Journée du chahid. Il s’agit de sept figurines, entamées le 8 juin 2000 à l’occasion de la Journée de l’artiste par un hommage à Ali Maâchi (1927-1958). S’ensuivra un clin d’œil à Taleb Abderrahmane (1930-1958), dont le fameux portrait en pull en col roulé et lunettes illustrait un timbre émis en 2003 à l’occasion de la Journée de l’étudiant, puis un autre hommage en 2006 à Aïssat Idir (1915-1959), en commémorant l’anniversaire de l’UGTA. En 2008, la Journée de l’artiste sera marquée aussi par un portrait du martyr Ahmed Réda Houhou (1911-1956) porté sur un timbre, alors que la célébration en 2010 du 65e anniversaire du 8/5/1945 fut l’occasion d’une émission où apparaît pour la première fois le portrait de Saâl Bouzid, premier martyr de ces événements, avant un hommage rendu en 2012 à Cheikh Larbi Tébessi (1891-1957). La série sera terminée en 2015 par un hommage à Mouloud Feraoun (1913-1962) assassiné par les éléments de l’OAS. Un maigre bilan, 54 ans après l’indépendance. Dans une correspondance adressée le 4 avril 2007 au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, Ali Ahmed Mohamed Achour, membre de l’Association internationale des journalistes philatéliques (AIJP), avait proposé une émission en hommage à Larbi Ben M’hidi à l’occasion du 50e anniversaire de son assassinat. Un grand martyr oublié par l’administration postale, qui s’intéresse étrangement à Cervantès (émission du 16/11/2005). «Ce n’est pas avec des silhouettes et des allégories chères à la Poste algérienne que notre pays a acquis son indépendance, mais bien grâce à des hommes et des femmes en chair et en os qui se sont sacrifiés pour rendre à cette terre et à ses hommes la dignité et la liberté dont ils s’étaient toujours parés depuis les temps les plus reculés», écrira Mohamed Achour. Sa lettre transmise par la Présidence à Algérie Poste est restée sans suite. Enfin, qu’est-ce qui pourrait déranger les décideurs, parmi les plus hautes autorités du pays, ou même au ministère des Moudjahidine, à songer un jour à immortaliser chaque année pour l’histoire des personnalités symboliques sur des figurines postales. On commencera par exemple par des hommes comme Mostapha Benboulaïd, Didouche Mourad, Larbi Ben M’hidi, Zighoud Youcef, mais aussi des noms comme Amirouche, Si El Haoues, Benabdelmalek Ramdane, Souidani Boudjemaâ, sans oublier des femmes comme Hassiba Benbouali, les sœurs Meriem et Fadila Saâdane, Malika Gaïd et autres, mais aussi les illustres militants qui ont combattu pour ce pays comme Henri Maillot, Maurice Audin, Fernand Yveton et Raymonde Peshard. Il suffit de faire un premier pas. Ce n’est guère compliqué, c’est juste une question de conscience et de mémoire.  

Lancement du premier raid féminin Alger-Tamanrasset

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Après six ans de marasme et de saison de vaches maigres, les acteurs du tourisme saharien changent de cap et s’emploient au développement de plusieurs produits pour s’affirmer sur le marché domestique. Les tours opérateurs du Grand-Sud s’investissent depuis le début de la saison à faire du plat aux adeptes du désert algérien qui sont invités à découvrir cette envoûtante carte, laissant l'imaginaire de l’individu construire toutes sortes d’images féeriques et fantasmagoriques. L’agence de voyages M'zab Tours, en partenariat avec  NSO (Nord-Sud Organisation), organisera du 3 au 11 mars une caravane touristique exclusivement dédiée aux femmes qui auront  l’opportunité de fouler, la première fois pour certaines d’entre elles, le sol de la légendaire reine des Touareg, Tin Hinan. Ce voyage, selon le responsable de l’agence M'zab Tours, Toufik Boughali, s’adresse  particulièrement aux femmes actives et ambitieuses, dont des chefs d’entreprise, des diplomates, des artistes, des leaders des associations, des professionnelles du secteur médiatique et des membres de l'Ordre des agronomes, des architectes, des médecins et des pharmaciens. «L’objectif assigné à ce raid féminin consiste ainsi à promouvoir l’image de l’Algérie et du tourisme saharien à travers un voyage de 2200 km à partir de la capitale Alger jusqu’à Tamanrasset. Cette manifestation touristique s’inscrit également dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la femme», indique l’organisateur du raid, en souhaitant contribuer vivement à la remise de ce secteur agonisant sur sa piste de décollage afin de sortir de la dèche que vivent la totalité des agences de voyages du Sud. M. Boughali a mis en relief l’importance de mettre le paquet  pour parvenir à des produits touristiques de qualité en mesure de susciter l’intérêt et la volonté d’investir dans ce secteur propulseur des autres créneaux d’activité, tels que le transport, le commerce, les communications, l’artisanat et le bâtiment. Pour notre interlocuteur, l’Algérien est le meilleur client de tous les temps, du fait qu’il participe activement à l’animation du tissu économique local en impliquant plusieurs entités touristiques dans la mise en œuvre de la stratégie nationale visant à booster le secteur vers le progrès et subséquemment créer une dynamique de développement touristique en dehors des hautes saisons. Quelque  45 véhicules, dont 30 réservés aux équipages féminins, 10 pour les organisateurs et 5 pour les médias, ont été mobilisés afin de réussir cet événement qui sonne comme un défi contre les engagements utopiques des responsables compétents et leur incapacité de relancer un secteur en mal de ses dirigeants. La caravane, placée sous le slogan «Raid des reines d’Algérie»  regroupera au total 180 personnes,  entre aventuriers avides de découvertes inédites et intrépides à la recherche d’expérience. L’opportunité s’offre aussi  à ceux désirant faire des rencontres et aux personnes en quête de silence et de spiritualité. Le Raid des reines dans sa première édition offrira, sans nul doute, l’occasion de découvrir toutes les facettes de cet éden terrestre et par la même susciter auprès des opérateurs économiques nationaux et étrangers le désir d’investir dans ce créneau, considéré comme étant une véritable locomotive de développement socioéconomique. Le départ aura lieu le 3 mars, à partir  du palais de la culture vers Djelfa où sont prévues plusieurs animations folkloriques au profit des participantes qui devraient reprendre la route, dans la même journée, vers Ghardaïa à la découverte, entre autres points de visite, du souk de la ville, des magasins d’artisanat et du mausolée de Sidi Brahim. Avant d’atterrir à Tamanrasset, où sont programmées plusieurs sorties sur sites touristiques, à savoir Tagmart, Tamekrest et Assekrem, la  caravane prévoit des haltes à In Salah et Moulay Lahcen, apprend-on des organisateurs.  

Les initiatives encourageantes des particuliers

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Les quelques groupes de touristes étrangers venant ces derniers temps visiter l’Algérie, du moins en Kabylie, c’est souvent suite à des initiatives de particuliers ou d’associations locales dans le cadre d’échanges divers. D’ailleurs, c’est après ce constat que certaines écoles et agences de voyages spécialisées dans le tourisme local ou international organisent ce genre d’activités et rencontres pour exhorter au renforcement de pareils échanges profitables pour les économies respectives des entités et des pays concernés. Le secteur du tourisme dans certaines régions d’Algérie, notamment en Kabylie, frappé d’un immobilisme paralysant, car marqué particulièrement par des actes de banditisme, de terrorisme et rapts, ne peut évoluer. Pour rompre quelque peu avec cette méfiance, générée par ces phénomènes, en tentant de redorer un tant soit peu l’image hospitalière du peuple algérien, des écoles supérieures de formation et spécialisées en tourisme international, à l’image de l’ESIG et l’ESIHT, organisent de temps à autre des sorties sur le terrain ou des séminaires en collaboration avec leurs partenaires étrangers. C’est le cas récemment avec la tenue d’une journée de sensibilisation, organisée à Tizi Ouzou par l’ESIG (Ecole supérieure internationale de gestion) en collaboration avec le journal Destinations Algérie, un périodique traitant du tourisme et de l’environnement, et leurs partenaires français. Les organisateurs ont invité des spécialistes parmi lesquels des représentants de l’Association mondiale de formation hôtelière et touristique (Amforht), de l’expertise internationale de tourisme (EIT) ou de la Fédération nationale des offices de tourisme (FNOT), ainsi que ceux de la direction centrale du ministère de l’Aménagement du territoire, du Tourisme et de l’Artisanat (MATA). Cette occasion a permis aux spécialistes invités de présenter de succinctes communications devant un parterre de dizaines d’étudiants, de stagiaires et de leurs enseignants fort intéressés par le thème. Saïd Boukhelifa, expert international en tourisme et membre de l’Amforht, axera son intervention sur «la place des agences de voyages dans la chaîne de l’activité touristique». Il déplorera  : «Le tourisme algérien, plongé dans un marasme sans fin depuis 1981, dégage actuellement une triste image d’abandon par les pouvoirs publics.» Il a rappelé que les «Assises nationales de 2008 sur ce secteur avaient certes ramené un espoir avec l’élaboration d’un schéma directeur d’aménagement touristique (Sdat) en projection à l’horizon 2030, mais cette méthode est vite oubliée par les décideurs,  et l’enthousiasme qu’elle avait suscité s’est carrément éteint», a-t-il déploré. M. Boukhelifa fera remarquer aussi : «Le secteur du tourisme avait connu une décennie prodigieuse en 1970-1980, mais celle-ci a fini par connaître un déclin malheureux, inconsciemment ou sciemment entretenu.» Aujourd’hui, ajoute le même orateur : «Pour redonner son aspect touristique à l’Algérie, l’instauration d’une visibilité, d’une lisibilité, ainsi qu’une volonté politique réelle par les gouvernants est impérative.» A l’origine du déclin du tourisme dans notre pays, M. Boukhelifa évoque comme exemple «l’abandon de la charte du tourisme de 1966, élaborée sous la direction de l’ancien ministre de ce secteur, Abdelaziz Maoui (1966-1977), par le regretté Fernand Pouillon, un architecte urbaniste français de renom, concepteur des complexes touristiques balnéaires de Moretti, de Sidi Fredj, de Zéralda, de Tipasa et beaucoup d’autres encore». D’autres communicants, dont  A. Zaïd, DG de l’ENST, Mohamed Azouz, directeur de la Fédération nationale des Offices de tourisme (FNOT) ou de Mourad Kezzar, journaliste, membre de l’Amforht, ont étayé la même idée, tout en exhortant à «aller vers la formation d’agents en tourisme, notamment au sein des collectivités locales, en établissant des réseaux d’écoles de formation, avec des projections à long terme pour un développement progressif du secteur». Il est urgent, a-t-on ajouté, «d’élaborer à l’entrée de tous les centres urbains ou villages d’Algérie des cartes indicatives, des panneaux de renseignements et d’orientation vers des sites touristiques existants. Ces panneaux doivent porter des indications en plusieurs langues (locales et étrangères), comme il est impératif d’assurer une fluidité dans le transport par des plans de circulation adéquats et appropriés pour chaque zone». L’on n’a pas manqué de déplorer que l’Algérie soit classée, aujourd’hui, parmi les derniers pays en matière de tourisme, alors qu’elle est une région dotée naturellement de sites touristiques paradisiaques à travers les quatre points cardinaux de son vaste territoire, autrement dit, nantie en la matière beaucoup mieux que ses voisins immédiats de l’Afrique du Nord. A l’heure de la modernité dans la communication et la liaison instantanées, accessibles grâce à la toile universelle, «il est inadmissible que des collectivités locales ou des agences de tourisme n’aient pas encore leurs propres sites web ou qu’on ne trouve pas de guides touristiques sur des zones ou localités historiques de leur dépendance directe pouvant intéresser des visiteurs potentiels», pensent les organisateurs de la rencontre.    

«La parité, c’est pour se conformer aux instances internationales»

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- Lors de votre intervention, vous avez clairement signifié que la parité n’est pas l’égalité, pourriez-vous préciser votre pensée ? La parité est un concept qu’il faut réétudier à la lumière de son contexte social. On ne peut pas l’utiliser et le brandir en le délocalisant comme cela a été fait. Dans le contexte algérien qui prévaut à une société musulmane avec ses règles de fonctionnement, dont particulièrement la non-mixité, il nous incombe de se demander si cette notion de parité inscrite dans la dernière Constitution va nous valoir du gain ou de la relégation. Je prends l’exemple de  la possibilité d’établir un salaire pour les femmes au foyer et de la sorte  répondre à l’exigence de la parité sans pour autant leur fournir un travail libérateur, qui les fait sortir de l’espace privé et leur donner un réel espace public. - Quelle a été donc l’intention (inavouée) du législateur dans l’inscription de la notion de parité dans la loi fondamentale ? Je pense  que le législateur a voulu se conformer  aux conventions internationales qu’il a signées, à l’image de la déclaration des droits de l’homme des Nations unies, entre autres. Ce n’est qu’une mise en scène. Une image qu’il reflète pour l’extérieur. C’est un propos en réalité qui s’adresse à lui-même et aux instances internationales. Ce texte n’est pas édit pour s’appliquer (voire très peu) au contexte concret dans lequel nous évoluons, et aux desiderata de la société. - Croyez-vous à une parité sur le terrain, c'est-à-dire à une application de la loi ? La loi c’est le texte et son application, et cela va de pair et sans dissociation. Si on regarde le texte, il est paritaire et correspond aux canons universels en la matière. Pour tous ceux qui croient et défendent les valeurs universelles, dont le principe de l’égalité entre les femmes et les hommes, il faut revenir à nos contextes et s’interroger sur les modalités d’action et d’application… Reste qu’il peut subsister un écart entre la promulgation d’une loi et son application, et les exemples sont légion. Le fonds d’aide aux femmes divorcées avec enfants à charge en est une illustration. Dans ce  manque de clarté et de transparence, notre problème en tant que femmes demeure l’exclusion des espaces publics. La parité dans notre société n’est pas le corollaire de la mixité. Notre revendication, c’est d’être présentes au monde, dans l’espace public. 

Renégociation des rapports hommes-femmes

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Au détour du soixantième anniversaire du 1er Novembre 1954, que reste-t-il des combats des femmes ? La question de l’émancipation -en termes d’égalité des droits que donne la citoyenneté- est-elle  pour autant résolue ? C’est là une partie des innombrables questionnements débattus publiquement dans les contours du colloque «Femmes résistantes» qui s’est tenu, les 22, 23 et 24 février à l’hôtel Marriott de Constantine. Force est de reconnaître que la manifestation «Constantine, capitale de la culture 2015» aura au moins le mérite d’avoir actionné un débat autour d’un thème intemporel et passionné, celui de la femme, sa place et son statut hier et aujourd’hui. Des universitaires, sociologues, syndicalistes et cinéastes de renom, dont Fatma Oussedik, Cherifa Bouatta, Nadia Aït Zaï, Hafsa Zinaï ou encore Khaoula Taleb Ibrahimi, entre autres, ont ressuscité, à travers des enquêtes et des communications, des réalités qui semblent s’effilocher au gré du temps. L’ouverture du champ du travail devant la gent féminine a quelque peu écorné le mouvement féministe et les revendications d’égalité et de parité. La synthèse est là sans équivoque. La femme algérienne n’est pas entièrement citoyenne du point de vue législatif, économique et social. La société est prise dans le tourbillon des évolutions, s’incline devant certains changements, diabolise d’autres. Et entre ces flux et reflux, la femme est plus que jamais soumise au système patriarcal, au sein de sa famille, sur le lieu de son travail et dans l’espace public. Ces changements, Chérifa Bouatta de l’université de Béjaïa en a recensé quelques aspects à travers une enquête qu’elle a réalisée auprès de 30 personnes, 15 femmes salariées et ayant des enfants, et 15 hommes dont les femmes travaillent, pour cerner la muabilité progressive de la société algérienne. «Les personnes faisant l’objet de l’enquête sont issues des villes et sont sondées autour  de trois critères, le travail, le mariage et les enfants», précisera-t-elle, en relevant les ambitions des femmes, à savoir une promotion professionnelle ou une meilleure formation. Pour leur part, les hommes auraient aimé exercer une profession commerciale pour gagner plus d’argent. Les deux piliers de la société ne regardent pas vers le même horizon. La femme cherche son émancipation, via le travail. L’homme n’a pas à s’en faire puisque les rapports de force n’ont pas changé de camp. Dans sa communication intitulée «Changement et résistance au changement des rapports sociaux de genre d’après une enquête», la psychologue est arrivée à la conclusion suivante : les configurations familiales changent autant pour les rapports mais pas toujours dans la sérénité, le référent du patriarcat est quant à lui immuable. «Dans cette communication, nous voudrions démontrer que les changements des rapports de genre ne sont pas toujours évidents et qu’il y a souvent des résistances aux changements de ces rapports». Pour preuve, l’émergence d’une nouvelle image du père. L’homme, qui, jadis, subvenait aux besoins matériels de sa progéniture, endosse de nos jours une nouvelle casquette. Il s’occupe de son enfant, le change, le veille quand il est malade…bref, il s’en occupe comme s’il était la mère. «Les rapports au sein de la famille se négocient, certaines traditions sont revisitées pour garder la séparation entre les deux sexes et on ne fait surtout pas l’impasse sur le statut de l’homme.» Pas de principe d’égalité Ce sacro saint système patriarcal transcende les murs de la société pour s’ériger en règle et bannir toute velléité d’égalité. La sociologue et militante féministe Fatma Oussedik est revenue sur l’une des notions qui miroitent l’abolition de la ségrégation entre les deux sexes. Il s’agit de la parité, inscrite dans la dernière Constitution et qui  entérine légalement «la disparité» entre les citoyennes et les citoyens. C’est une série de questionnements sur le statut de la femme qu’elle a lancée symboliquement à la face de cette assistance, composée essentiellement de femmes. A commencer par les interpeller sur les derniers amendements de la Constitution «la promulgation d’un texte suscite immanquablement des interrogations», dira-t-elle. Et de passer en revue furtivement les principales révisions de la Constitution qui, somme toute, consacrait sur le papier le principe de l’égalité et de s’interroger sur le bien-fondé d’un système égalitaire. La nouveauté est que le  dernier texte de la loi fondamentale, adopté récemment, renferme une notion étrangère au lexique habituel du législateur. Il s’agit de la notion de parité, usitée ailleurs et qui trouve parfois des difficultés à se traduire dans les strates politiques et économiques. «La parité est une notion nouvelle, à première vue elle émane d’une volonté de s’inscrire dans l’universel», expliquera la chercheure associée au Centre de recherche en économie appliquée au développement (Cread) pour mieux rebondir sur ce que recèle sa définition. La parité permet de classer les personnes d’où l’importance de penser ce terme. «La parité n’est pas un principe, elle est incluse pour mieux défendre le système patriarcal.» Dans le contexte algérien, la parité nous est offerte dans l’emploi avec quelques réserves puisque les chiffres sont éloquents. Et d’égrener des statistiques pour l’année 2015 publiées par l’Office national des statistiques (ONS) où sur une population active de plus de 11 millions, 19,4% sont des femmes. Concernant le chômage, le même organisme avance 9,9% d’hommes contre 16,6% de femmes, soit presque le double. Les emplois féminins sont répertoriés à hauteur de 70% dans le secteur des services «… l’Etat s’est désengagé du travail des femmes dans d’autres secteurs d’activité». Pour la communicante «ce terme n’équivaut pas au principe de l’égalité, car il se substitue à un projet et ne peut nullement devenir un élément de la loi constitutionnelle». La notion de parité est donc un stratagème qui préservera  le patriarcat et ne consacrera aucune égalité, ni en matière de droits ni d’emploi, encore moins de mixité.  

Beni Snous, les derniers berbères de Tlemcen

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La toponymie est restée profondément berbère, tout comme l’architecture de ses villages de terre et de pierre accrochés aux flancs de montagnes, abrités sous d’immenses falaises aux tons ocre, suspendus au-dessus d’oueds tortueux et de vergers qui s’étagent en cascades verdoyantes. Les noms des villages chantent encore la Numidie de Massenssen ou le royaume de Yaghmorassen. Ils s'appellent Tazemourth, Rouamane, Tssaresst, Tinatine, Tizi N tayma, Tafessra, Tirichine, Tadreqt, Aghrawen ou encore Khemis, Les sites, les visages et les paysages rappellent les Aurès et la Kabylie, en plus exotique, mais nous sommes bel et bien à l’extrême ouest de Tlemcen, à quelques encablures des frontières marocaines. Chez les Beni Snous. Ils sont les derniers Berbères de Tlemcen. partir de la ville de Beni Boussaïd, au sud de Maghnia, nous sommes censés être rentrés en territoire berbère. Néanmoins, les premiers habitants rencontrés et questionnés nous indiquent qu’il y a bien longtemps que la contrée a perdu sa langue originelle. «Il faut aller plus loin. Ici, plus personne ne la parle. Il y a encore quelques vieux qui s’en souviennent du côté de Zouia ou chez les Beni Snous», nous dit-on. Beauté sauvage La route vers le pays des Beni Snous monte et serpente au milieu des oliviers puis des maquis jusqu’au sommet d’un haut plateau rocheux du nom de Ras-Asfour, là où les casernes de l’armée et des gardes-frontières se suivent et se ressemblent. De là, on jouit d’une vue plongeante et panoramique sur les plaines marocaines et la ville d’Oujda dans sa totalité. Sur les routes de ses régions frontalières, on ne croise que des voitures réputées avoir de très gros réservoirs d’essence, telles que la Renault 21, la Renault 25 ou la Mercedes, ancien modèle. Ce sont les voitures préférées de ceux qu’on appelle les «halabines», les trafiquants de carburant qui font la navette entre les stations-service et les garages où ils entreposent leur précieuse marchandise avant qu’elle ne soit convoyée par des caravanes de bourricots vers le Maroc voisin. Le trafic de carburant est la seule activité et la seule économie dans toute la région. Au bout de quelques kilomètres sur le plateau de Ras-Asfour, il faut bifurquer vers le nord et emprunter une route qui longe une vallée qui ne cesse de s’étrangler. La vallée s’étrangle en gorge pour afficher une beauté sauvage comparable à celle des canyons américains de l’Ouest. C’est au sein de ses gorges féeriques que prend sa source la célèbre Tafna. Le village d’El Khemis est  bâti au-dessous de la falaise de l’Azrou Oufernane. C’est là que nous avons rendez-vous avec Zizi Abbes, anthropologue de son état et natif de la région. Notre homme nous apprend que les Beni Snous ou Aït Snous, comme on les désignait par le passé, se composent de trois fractions. Khemis et At Larbi (Ouled Larbi), les Beni Bahdel et El Kef. «Il ne reste plus que quelques vieilles personnes à connaître l’amazigh. La cause en est que les villages ont éclaté à l’avènement du terrorisme. Les paysans de ses régions isolées se sont alors réfugiés dans les centres urbains, perdant ainsi leur âme et leur identité», dit-il. En parlant des Beni Snous dans son Histoire des Berbères, Ibn Khaldoun, le célèbre historien, dit qu’ils s’attachèrent à la famille de Yaghmorassen. «L’un  d’eux, Yahia Ben Moussa Es Senoussi, fut en 1327 l’un des grands généraux du sultan de Tlemcen», écrit-il. Dans ce canyon encaissé où les villages s’accrochent aux flancs des montagnes, les gens sont essentiellement pasteurs ou cultivateurs. «Les anciens ont systématiquement bâti les villages avec une double protection : des falaises derrière et un oued devant», dit notre anthropologue. L’architecture des maisons aux toits en terrasses ressemblent à celles des chaouias des Aurès. «Les villages se fondaient dans le paysage au point où on ne les distinguait pas», affirme encore Zizi Abbes. Avec la Kabylie, les habitants  partagent plutôt l’appellation, car on les appelle communément «Leqbayel», les Kabyles. Pour Zizi Abbes, ils sont frappés par le même ostracisme que celui dont se plaignent les Kabyles depuis des lustres. S’adressant à eux, lors de sa première campagne électorale, dans un meeting tenu dans une salle de Tlemcen, celui qui allait présider aux destinées de l’Algérie pendant quatre mandats a eu ses termes à la limite du mépris : «Houwdou men ledjbal ya Beni Snous, ya Khemis !» (Descendez de vos montagnes gens de Beni Snous et Khmis), leur a-t-il dit. L’Ayred ou le fantôme du roi Chachnaq Sur cette vallée étroite plane encore le fantôme d’un illustre personnage à mi-chemin entre la légende et l’histoire. Celui du roi Chachnaq, l’aguellid amazigh qui aurait triomphé d’un puissant pharaon du nom de Ramsès, il y a de cela près de trois millénaires. Après sa victoire, il serait revenu d’Egypte par cette vallée des Aït Snous, auréolé de prestige et accompagné de lions. Le commerçant du village de Tleta qui nous raconte cette histoire en est encore aussi sûr que fier.  C’est de cette époque et de cet événement que daterait le fameux carnaval de l’Ayred (le lion en berbère Zénète) que célèbrent les Beni Snous à chaque nouvel an qui correspond au 12 janvier. L’Ayred, l’une des dernières survivances d’une culture berbère millénaire dans la région, est la tradition du nouvel an marquée localement par un carnaval où les jeunes gens se déguisent avec des costumes et des masques et font des processions dans les ruelles du village en chantant des ritournelles. Ces fêtes durent plusieurs jours. Pour l’anthropologue Zizi Abbes, l’Ayred est en fait le nouvel an agraire chez les Berbères. «Le 12 janvier marque la fin de la saison des olives», confie-t-il. Selon lui, l’Ayred ne subsiste plus que comme folklore que l’on montre à la télévision lors des grandes occasions. Dans la pratique, il aurait presque entièrement disparu. Notre anthropologue assure que les traditions et coutumes ancestrales des Beni Snous sont très fragiles. A cause des changements sociaux et économiques, elles disparaissent les unes après les autres à grande vitesse. «Le tapis berbère, par exemple, n’existe plus chez nous, contrairement au Maroc où la tradition s’est maintenue», affirme-t-il. «Mon projet est de construire un musée des Beni Snous à Khemis dans une maison traditionnelle regroupant l’essentiel des objets traditionnels et une bibliothèque regroupant les ouvrages qui parlent de l’histoire et de la culture de la région», ajoute-t-il. Tafessera ou le voyage dans le temps Cap sur le village de Tafessra, considéré comme l’un des plus anciens de la région. En effet, il plonge ses racines très loin dans l’histoire, voire dans la préhistoire, comme l’atteste encore l’existence des habitations troglodytes que l’on peut admirer en contre-bas des habitations modernes. L’historien espagnol Marmol, qui a vécu au XIVe siècle, en parle dans son ouvrage L’Afrique, tome II. Selon lui, Tafessra est une grande ville qui s’appelait autrefois Estazile. «Presque tous les habitants sont forgerons et ont plusieurs mines de fer dans lesquelles ils travaillent. Les terres alentour abondent en blés et pâturages, mais le principal trafic est le fer que l’on vend à Tlemcen et ailleurs. La ville est fermée par de bonnes et hautes murailles», écrit Marmol. Le grand géographe et historien andalou El Bakri cite Tafessra dans sa «Description de l’Afrique Septentrionale» sous le nom de Tizil. Aujourd’hui encore, les habitants de la région sont appelés les Azaïls. A l’entrée du village, quelques jeunes sont assis adossés au cimetière des martyrs. Sourires gênés et regards fuyants quand nous leur demandons s’ils parlent encore berbère. La réponse est unanimement négative. Nous décidons alors d’explorer quelque peu les lieux et surtout de visiter la mosquée antique dont on nous dit qu’elle a été un jour synagogue puis église avant de devenir mosquée. Elle a été visiblement restaurée, c’est un magnifique vestige qui fait la fierté des habitants. En l’absence du gardien du temple, qui en garde la clé, nous ne pouvons visiter la mosquée, mais par chance celui qui garde les clés de la source est là. La porte s’ouvre sur une grande source aux eaux turquoise dans laquelle quelques arbres jettent leurs racines. L’eau est encore partagée entre les habitants qui exploitent des parcelles de terrain le long de l’oued selon un système ancestral réglé sur la course du soleil dans le ciel. Agé de 76 ans, ammi Abdelkader est un ancien moudjahid. C’est lui qui nous sert très gentiment de guide. «Ma grand-mère parlait encore couramment le berbère», confie-t-il. La chaîne de transmission orale s’est brisée probablement une génération ou deux avant notre interlocuteur.  Tafessera vous assure un véritable voyage dans le temps. Les grottes qui ont servi d’habitation aux habitants de la région dans l’antiquité sont toujours là, mais elles sont dans un abandon total. Certaines servent de dépotoirs pour les ordures. Un pays abandonné aux sangliers El Kef est un très beau village accroché à une falaise de roches volcaniques, au-dessus d’un grand ravin qui coule encore en cette fin d’été bien sèche. Il est situé en aval du grand barrage de Beni Bahdel. Plus nombreuses que les maisons, les haies de cactus qui ploient sous le poids des figues de barbarie descendent en cascades vers l’oued. Ammi Mohamed, un solide paysan de 81 ans, est l’un des derniers habitants du village à entretenir encore son verger. Rencontré sur la grande route, nous l’avons pris en stop. Il nous explique que s’il rentre à cette heure encore précoce de la journée, c’est pour fuir les sangliers qui pullulent dans les vergers maintenant qu’ils sont abandonnés. «Leblad khlat» (le pays est devenu désert), dit-il avec amertume. Les familles sont allées s’installer ailleurs. Avant, nous raconte ammi Mohamed, il y avait les moutons mais «ils sont tous passés de l’autre côté». De la frontière évidemment. «Il reste ''lehlib''», le lait. «Les gens font leur beurre avec le lait», dit-il avec humour. Evidemment, il ne s’agit pas du lait des vaches ou des moutons, mais de celui ses stations d’essence, de ce mazout qui passe la frontière. Quant à la «chelhia» des ancêtres, les gens ne la parlent plus. Seuls quelques vieux la connaissent encore. Ils l’emporteront comme un secret millénaire dans leur tombe. Vu notre insistance, ammi Mohamed consent à nous dire une seule phrase en tachalhith, dans laquelle nous arrivons à reconnaître le mot «soussem», se taire. C’est bien la seule que nous ayons entendue durant tout notre séjour chez les Aït Snous dont la langue s’est apparemment tue.     

Un riche bouquet de remèdes

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Très répandue dans la région humide d’El Kala, la renouée poivre d’eau, connue sous le nom scientifique de Persicaria hydropiper, est une plante médicinale souvent utilisée pour ses propriétés stimulantes, diurétiques mais aussi ses vertus antioxydantes, antibactériennes et anti-inflammatoires. Recommandée pour pallier aux troubles du foie et du rein, grâce à ses fleurs et ses racines, le tebbaq, ou Eupatorium cannabinum, est une plante médicinale qui se développe surtout dans les régions humides montagneuses de l’Algérie. Illustrées sur deux timbres de valeurs 10 et 25 DA, dessinés par Sid-Ahmed Bentounes, émis par Algérie Poste le 10 février dernier, ces deux plantes viennent enrichir un beau bouquet de timbres consacrés à cette thématique. Entamée le 27 mai 1982, cette dernière revient pratiquement tous les dix ans, révélant une richesse de la nature en Algérie, avec ces centaines de plantes aux vertus de remèdes, inventoriées et classées. Dans une première série dessinée par Kamreddine Krim, les philatélistes découvriront le Callitris articulata (Thuya de Berberie), riche en huiles industrielles, dont le camphre et le cédrol, mais aussi l’une des plantes les plus populaires en Algérie, Artémisia herba alba ou l’armoise herbe blanche (chih en arabe), plus connue aussi par l’absinthe du désert, décrite  par l’historien grec Xénophon au IVe siècle avant J.-C. Une plante conseillée pour les maux gastro-intestinaux, connue aussi pour ses vertus antidiabétiques et purgatives. Dans la même série, figure également le Ricinus communis, ou ricin commun, source de l’huile de ricin, utilisé comme lubrifiant, et en cosmétique pour accélérer la pousse des cheveux, mais aussi comme poison contre les rongeurs. L’autre plante très en vogue est le Thymus fontanesii ou thym (zaâter en arabe), très utilisé comme antispasmodique, antitussif et antiseptique. Dix ans plus tard, le 23/9/1992, le même dessinateur mettra au jour une seconde série qui révélera la plante du bugle musqué (chandgoura en arabe), indiquée contre les douleurs de l’estomac et des dents, et l’ulcère gastrique. L’on découvre également le Nerprun alaterne (mlilis en arabe), utilisé pour avoir une teinture jaune, dont les feuilles sont recommandées contre les maux de gorge. Le chardon Marie, illustré dans cette série, est une plante dont les Grecs anciens utilisaient le jus mélangé avec du miel pour traiter les troubles hépatiques et biliaires. La lavande stoéchade (helhal en arabe) permet grâce à ses huiles de soigner les otites et les dermatoses. On connaîtra encore plus de ces remèdes en 2002 grâce à trois timbres signés Sid-Ahmed Bentounes. Il s’agit de l’eucalyptus globulus, que tout le monde continue d’utiliser comme antiseptique aérien, et dont les huiles sont très efficaces contre les encombrements bronchiques et la rhinopharyngite. Très connue aussi, la mauve des bois ou Malva sylvestris est conseillée pour les gastrites et les ulcères. On ne parlera pas assez du célèbre laurier commun ou Laurus nobilis (rande en arabe) utilisé dans la cuisine pour l’arôme de ses feuilles, recommandé aussi pour les crampes abdominales, mais on sait surtout qu’il entre dans la fabrication du savon d’Alep. Le même dessinateur signera trois nouveaux timbres en 2012, consacrés à Globularia vulgaris, plus connue pour ses vertus contre les troubles digestifs et la constipation. On citera également le trèfle d’eau ou Menyanthes trifoliata utilisé depuis l’antiquité comme apéritif et pour soigner les douleurs rhumatismales et la fièvre. On le recommandait surtout pour les femmes qui désirent prendre des kilos en plus. La plus originale des plantes de cette série est la fameuse Glycyrrhiza glabra, (en grec Glycyrrhiza veut dire racine sucrée) ou la fameuse réglisse. Cette célèbre friandise appréciée par les enfants est aussi efficace contre les inflammations digestives, les gastrites, la toux et les aphtes. Des plantes populaires très présentes chez les herboristes, mais aussi très prisées par les Algériens, en ces temps de disette. Un bon conseil pour les adeptes de ces plantes, c’est d’abord de consulter toujours un professionnel et de consommer ces remèdes avec modération.

Un pack de beauté pour les Vénus d’El Watan

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Al’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la femme, coïncidant avec le 8 mars de chaque année, les laboratoires Vénus ont choisi d’honorer les journalistes femmes du quotidien El Watan. Dans un geste d’une très grande amabilité, le géant des cosmétiques algérien a adressé ses vœux à travers un pack de ses produits, reconnu par leur qualité supérieure. Vénus, qui s’est imposé sur le marché algérien des produits cosmétiques, s’est récemment distingué par l’obtention du Prix algérien de la qualité pour l’année 2015. Cette distinction, qui prime les entreprises nationales ayant investi dans une démarche d’amélioration par la qualité, n’a pu passer à côté des résultats positifs réalisés par les laboratoires Vénus sur le plan de la santé financière, de la satisfaction de ses employés et de la société de manière générale, mais surtout  de la qualité de ses produits. Les laboratoires Vénus, qui ont voulu célébrer la femme journaliste, sont aussi présents au 11e Salon international de la femme, EVE 2015, qui se tient au Palais des expositions de la Safex du 3 au 8 mars 2015. Des offres promotionnelles sont prévues à cette occasion.  

Le dernier gala du 8 mars de Cheb Yazid torpillé

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Celui dont le nom est associé aux «festivités» de la Journée internationale des droits de la femme a vu son dernier gala au stade de Tizi Ouzou annulé pour des raisons encore vagues. Annonçant qu’il se consacrerait à l’avenir à faire la joie des enfants, il s’est dit, sur les colonnes du journal El Khabar, «fier d’avoir chanté pour la femme algérienne pendant vingt ans». «J’ai travaillé gratuitement pour donner de la joie à la femme algérienne sans ressources (…). La salle Harcha ne s’est remplie que pour les meetings du FIS et les concerts de Cheb Yazid».

Clôture du premier Festival maghrébin du couscous

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La première édition du Festival maghrébin du couscous, à laquelle ont pris part des représentants d’Algérie et du Maroc aux côtés du pays hôte a pris fin, samedi dernier, à Nabeul, en Tunisie. L’Algérie abritera la prochaine édition de ce Festival, ont annoncé les organisateurs. Un des participants algériens, le chef Slimane Saâdoune, a indiqué que l’édition 2017 du Festival du couscous sera consacrée à la richesse et la diversité de la cuisine algérienne. Le directeur du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH), Slimane Hachi, avait annoncé en 2014 qu’un dossier pour le classement du couscous au patrimoine culturel immatériel de l’humanité auprès de l’Unesco (Organisation des Nations unies pour la science et la culture) était en cours d’élaboration.

Une variété de thématiques et des rendez-vous manqués

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C’est avec satisfaction que les philatélistes algériens ont accueilli le programme philatélique de 2016, officiellement annoncé pour la première fois par Algérie Poste. Un fait à saluer, puisque cela ne s’est pas réalisé depuis des années. Pourvu que cela dure, et on ne sera pas surpris par une pléthore d’émissions hors programme. Le fait positif dans ce programme est le peu d’allégories, et encore moins de commémorations «rabâchées». Avec 17 émissions d’une grande variété, l’année philatélique a été entamée par deux timbres sur les poissons le 20 janvier, puis deux timbres sur les plantes médicinales le 10 février, enchaînant par une allégorie sur la lutte contre la violence familiale, émise le 24 février, avant de faire la promotion du Sud algérien sur une figurine à paraître le 16 mars. La Journée mondiale de l’eau, célébrée le 22 mars, sera à l’honneur de la capitale de l’eau, Mila, à travers un timbre sur le barrage de Beni Haroun, le plus grand en Algérie, et qui apparaît pour la première fois sur timbre-poste depuis sa mise en service en 2005. Pour la première fois aussi, deux timbres seront consacrés à l’autisme le 2 avril, tout comme pour la thématique des musées, avec l’émission, le 18 avril, de trois timbres sur le musée Cirta de Constantine, le musée Nasreddine Dinet à Bou Saâda et le musée Zabana d’Oran. Un mois plus tard, soit le 18 mai, un pistolet de l’époque ottomane et le fameux Masque de la Gorgone, seront illustrés sur deux timbres. Les passionnés de la thématique du sport se réjouiront, le 1er juin, de l’émission de deux timbres un bloc feuillet sur les Jeux olympiques de Rio au Brésil. Côté tourisme, une série de trois timbres sur les ports de plaisance viendra enrichir cette thématique, le 22 juin, à travers des illustrations des ports d’El Djamila, Sidi Fredj et Tigzirt, en sus de deux timbres sur les villes de Djelfa et Mostaganem, programmés le 3 août. Le patrimoine sera également en vue dans une émission prévue le 20 juillet, consacrée aux danses folkloriques : Baba Merzoug Karkabou, El Baroud et El Hadra. La rentrée sera marquée par une série sur les réalisations (faculté de médecine de Laghouat et la faculté de droit d’Alger), le 7 septembre, suivie de deux timbres sur la formation professionnelle le 5 octobre. Pour une fois, la commémoration de l’anniversaire de l’ex-RTA sera une occasion pour rendre hommage à Aïssa Messaoudi, pionnier de la communication, le 28 octobre. La clôture  se fera par l’émission, le 9 novembre, de deux timbres sur les finances, et une figurine consacrée au Lion de l’Atlas, le 14 novembre. En somme, sauf émissions hors programme, l’année philatélique compte 32 timbres et un bloc feuillet. En dépit de cette variété, l’on soulève quand même des rendez-vous manqués. Ainsi, la Poste algérienne n’a pas daigné célébrer le 60e anniversaire de l’UGTA, contrairement aux Tunisiens qui n’ont pas raté le 70e anniversaire de l’UGTT. De même pour le 60e anniversaire du Congrès de la Soummam, relégué aux oubliettes. Mais l’événement, qui n’a jamais été cité ou fait l’objet de timbres, est sans doute le détournement de l’avion du FLN, avec à son bord les cinq personnalités historiques : Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed, Ahmed Ben Bella, Mohamed Khider et Mostafa Lacheraf. Le détournement de l’avion d’Air Atlas, survenu le 22/10/1956, est le premier acte de piraterie dans l’histoire de l’aviation civile dans le monde. L’année philatélique 2016 aurait pu être aussi une occasion pour se réconcilier avec l’histoire, à travers le 60e anniversaire de la mort de Mostafa Ben Boulaïd (22 mars 1956), le 60e anniversaire de la mort d’Ahmed Zabana, premier guillotiné le 19 juin 1956, mais aussi le 85e de la création de l’association des Ouléma en 1931, et le 80e anniversaire de la création de la 1re section de Scouts par Mohamed Bouras. On regrette aussi qu’il n’y ait pas le moindre hommage pour le défunt homme historique Hocine Aït Ahmed, décédé le 23 décembre 2015, ni pour Assia Djebar, disparue le 6 février 2015. A propos de femmes, la poste tunisienne a programmé deux timbres en 2016, l’un en hommage à Sophonisbe, la célèbre princesse carthaginoise, et le second à l’effigie de Bchira Ben M’rad, la pionnière du mouvement féminin tunisien dans les années 1930. A bon entendeur...  

Le riche parcours d’un homme exceptionnel

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Tahar Hannache, de son vrai nom Tahar Benelhannache, demeure l’une des grandes figures dans l’histoire du cinéma algérien, qu’on cite rarement de nos jours, et dont le fabuleux parcours n’a pas été révélé au grand public. C’est grâce au magnifique travail de mémoire entamé en 1990 par sa fille aînée Thouria Benazzouz et ses trois sœurs, que ce grand pionnier du 7e art en Algérie, est sorti de l’anonymat et surtout de l’oubli, pour avoir droit à tous les honneurs. «Mon père était un homme très méticuleux, il conservait soigneusement toutes ses archives. C’est ainsi que je n’ai pas eu de difficultés à collecter tous les documents qu’il classait dans des pochettes bien ordonnées, dont des lettres, des correspondances administratives, des autorisations de filmer, des photos, des coupures de presse, mais aussi tout ce qui avait trait à sa riche carrière cinématographique, c’est grâce à mon père que j’ai pu organiser une exposition à son hommage», explique Thouria rencontrée à Constantine qu’elle a visitée pour la première fois. L’homme, qui a reçu tous les honneurs, lors d’une première exposition organisée au mois d’avril de l’année écoulée au Palais de la culture Moufdi Zakaria à Alger, est revenu à sa ville natale, Constantine, à l’occasion des premières journées du film arabe primé, tenues au Vieux Rocher en décembre 2015. Une histoire passionnante d’un homme qui a montré une curiosité pour tout dès son enfance, et découvrit le cinéma à l’âge de 10 ans. Enfance à Sidi Djeliss En racontant l’histoire de son père, Thouria se rappelle des moindres détails : «Mon père est né en 1898 dans une maison du quartier populaire de Sidi Djeliss, dans une famille aisée». Son père, Khoudir, gérait une manufacture de tabac et une tannerie. «Malheureusement, on ne savait pas beaucoup de choses sur l’enfance de notre père, sauf qu’il avait fréquenté l’école primaire du quartier», témoigne-t-elle. Tahar était décrit comme un enfant calme, sage et tranquille, mais surtout studieux dans ses études. Il aimait tant les sciences et les techniques et se passionnait pour tout. «C’est lors de ses multiples promenades dans la ville qu’il découvre la première salle de cinéma dans sa vie», rappelle Thouria. C’était la salle Nunez, le doyen des établissements de cinéma dans la ville de Constantine, située dans le quartier de Bab El Djabia, près du pont Sidi Rached. La salle deviendra plus tard Le Royal en 1958, puis le Rhumel après l’indépendance. Quand la salle avait ouvert pour la première fois en 1908, le petit Tahar avait 10 ans. Il assistera ainsi au premier film qui marquera son destin pour la vie. Quatre ans après la mort de son père en 1916, Tahar choisira de partir en France, après avoir passé son service militaire à Miliana. «Il avait à peine 22 ans quand il avait débarqué en France, dans les studios de Boulogne-Billancourt où il avait un seul projet en tête, apprendre le cinéma et devenir cinéaste», raconte sa fille Thouria. Premier rôle de figurant Dans son livre Tahar Hannache, un cinéaste dans l’oubli, édité en 2015, l’auteur Ahcene Dafer rapporte une anecdote originale et historique qui marque le début de l’aventure cinématographique de Tahar Hannache, suite à une rencontre qui décidera de son destin en 1922 : «En s’approchant des studios de Boulogne-Billancourt, Tahar croise un homme qui n’est autre qu’un régisseur à la recherche de figurants arabes pour le film l’Atlantide. Tahar lui demande si c’est bien ici qu’on tourne le film. Le régisseur l’interroge : vous êtes un Arabe ? A la réponse positive de Tahar, le régisseur lui dit : vous êtes engagé, présentez-vous demain à 8h.» Tahar décroche ainsi son premier rôle de figurant dans le film  L’Atlantide, de Jacques Feyder, à l’époque du cinéma muet. Une première pour un Arabe. Tahar Hannache n’aura plus peur de conquérir le monde du cinéma en France. Animé d’une soif d’apprendre lors de ses premières années aux studios de Billancourt, Tahar assure presque tous les métiers du cinéma. Il ne cesse de progresser grâce à sa persévérance. Il profitait de sa présence sur les plateaux pour apprendre les ficelles de la prise du son, du tournage, du maniement de la caméra, de la direction des acteurs et de la mise en scène. Il sera ainsi opérateur, régisseur, photographe, cameraman et assistant réalisateur dans plusieurs films, dont ceux d’Abel Gance, Julien Duvivier et Marcel Pagnol. En 1924, il est régisseur et figurant dans le film Les fils du soleil, de René Le Somptier. Il aura son premier rôle d’acteur en 1926 dans le film  The Arab, de l’Américain Rex Ingram. Il a même joué aux côtés de Jean Gabin en 1935 dans le film  La Bandera, de Julien Duvivier. Dans sa riche filmographie qui s’étend sur une soixantaine de films de 1922 à 1955, Tahar Hannache a été 12 fois acteur, 17 fois opérateur-régisseur, 16 fois cameraman et 14 fois comme directeur de photo, sans compter les films réalisés et produits par Tahafilms. Du jamais vu dans l’histoire du cinéma algérien jusqu’à nos jours. 69 ans avant Arthus-Bertrand Fort d’une belle et riche expérience, Tahar Hannache décide en 1938 de créer sa propre boite de production Taha Films. Une initiative audacieuse à l’époque où ce genre d’entreprises n’était réservé qu’aux Européens. L’aventure commence ainsi par un documentaire, Aux portes du Sahara, qui ne sera pas diffusé et dont le négatif finira par être perdu. L’expérience de Taha Films sera interrompue suite au déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale. Tahar, qui obtiendra sa carte d’identité professionnelle en 1942, sera mobilisé par le service français du cinéma aux armées. Malgré les années d’éloignement, Tahar gardera toujours ses liens avec sa ville natale, Constantine. Juste après la fin de la guerre, et de retour en Algérie en 1946, il décidera de concrétiser un vieux rêve, en produisant un documentaire en hommage à sa ville intitulé Constantine, l’ancienne Cirta. Un film qu’il tourna avec intelligence, pour éviter la censure des services français. Il choisira ainsi de montrer des projets réalisés par les Français dans la ville, tout en profitant pour montrer la beauté naturelle de Constantine, ses vestiges, son rocher, sa vieille ville, ses marchés et son artisanat. «C’est un film où de nombreuses séquences ont été filmées pour la première fois à partir d’un avion qui survolait la ville, c’était vraiment très beau à voir, notamment les images du rocher», a révélé Thouria Benazzouz. Tahar Hannache fut le premier à avoir filmé Constantine à partir du ciel. Cela s’est passé 69 ans avant que le photographe Yann Arthus-Bertrand. La plus ancienne œuvre de fiction Dans une contribution parue dans le journal El Watan du 7 février 2008, Abdennour Zahzah signe une analyse du film Ghetassine Essahra (les plongeurs du désert), considéré comme «la plus ancienne œuvre de fiction conservée à ce jour dans l’histoire du cinéma en Algérie». Interprété par des acteurs et des figurants algériens, le film sans dialogues est tourné à Tolga, dans l’actuelle wilaya de Biskra. Les principaux rôles sont tenus par Himoud Brahimi (Cheikh Ali) et Djamel Chanderli (son fils Mansour). Leur travail est l’écurage des puits bouchés de sable et de boue. L’histoire du film rappelée par Abdennour Zahzah est simple. Elle est racontée par une voix off, sur la musique composée par un grand artiste algérien : Mohamed Iguerbouchene. «Les habitants d’une oasis font face à l’assèchement de leur fontaine. Le sage de la tribu, Cheikh Messaoud fait appel aux plongeurs du désert. Leur intervention est nécessaire pour la survie de l’oasis et de ses habitants. Après le nettoyage du puits, l’eau recommence à couler. Des années après, la machine arrive. Elle fait le travail. C’est l’effet de la modernité. On ne fait plus appel à Cheikh Ali et son fils. C’est la fin du métier des plongeurs du désert». Produit en 1952,  Les plongeurs du désert ne sera pas diffusé par les services français du cinéma. L’œuvre a été mal accueillie et mal perçue, parce qu’elle est la première du genre à être produite, financée, tournée et réalisée uniquement par des Algériens. Par cette production, Tahar Hannache dérangeait sérieusement les autorités françaises, qui craignaient que des Algériens puissent maîtriser d’une manière professionnelle cette arme dangereuse qu’est le cinéma, interdite jusque-là aux Arabes. Ironie du sort, Les plongeurs du désert sort quelques mois seulement avant le déclenchement de la Révolution algérienne en novembre 1954. Ce n’était pas étrange, car Tahar Hannache et son neveu Djamel Chanderli seront les précurseurs du cinéma en Algérie. Plus tard, Djamel Chanderli sera le premier cinéaste à rejoindre les services de l’image et du son de l’ALN à Tunis. Avec d’autres cinéastes, il tournera les premières images au maquis. Tahar Hannache restera à la télévision où il formera les futurs techniciens algériens de l’ex-RTA d’après l’indépendance. On retiendra ce témoignage du grand critique et spécialiste du cinéma Ahmed Bedjaoui, qui dira de lui : «Je l’ai connu à la fin de sa vie lorsque j’ai rejoint la RTA en 1969. Je garde de lui l’image d’un homme aimé de ses pairs, discret, affable et toujours disponible». Tahar Hannache décédera le 1er août 1972, à l’âge de 74 ans, sans jamais penser prendre sa retraite. «Le travail de recherche que j’ai pu réaliser avec l’aide des mes trois sœurs pour faire connaître l’histoire de notre père n’était pas aussi facile, il nous a demandé des années de dur labeur, nous espérons avoir ouvert la voie à d’autres chercheurs pour apporter leur contribution pour faire connaître le parcours de cet homme qui a servi son pays avec bravoure, tout notre souhait est que ses œuvres conservées à la Cinémathèque algérienne soient montrées au grand public, notamment les jeunes générations», lancera Thouria Benazzouz.  

«Le film d’animation peut sauver le cinéma algérien»

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Ifaz Matoub est dessinateur et réalisateur de films d’animation. En 2008, il a réalisé le court métrage Trésor d’une autre planète. Il dirige une société de production de films d’animation. Les 5 et 6 mars 2016, il était présent à Constantine au colloque sur «Les contraintes et conditions de la production cinématographique en Algérie», qui s’est déroulé à la maison de la culture Mohamed Laïd El Khalifa, organisé par le département cinéma de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe» et par le Centre algérien du développement du cinéma (CADC). Ifaz Matoub a animé un atelier sur la technique de la 3D dans le cinéma.     Parlez nous de l’atelier sur la technique de 3D que vous avez animé lors du colloque «Les contraintes et conditions de la production cinématographique en Algérie», ici à Constantine ? Nous avons évoqué l’intégration de la 3D dans le cinéma qu’il s’agisse d’un film d’animation à part entière ou d’effets spéciaux, autrement dit, tout ce qui est rajouté à des films réels. Parfois, des personnages réels sont intégrés dans la 3D. Nous avons discuté de tout cela dans l’atelier. Je suis revenu sur mon expérience personnelle et celle de mon équipe pour dire que la 3 D n’est pas aussi exceptionnelle que cela. Nous pouvons avoir de la production 3 D en Algérie. La preuve nous produisons nous même des films. Que faut-il faire justement pour développer la 3D dans le cinéma en Algérie ? Toute chose a besoin d’une formation, c’est clair. Pour nous, disons, que nous avons appris sur le tas. Nous avons plus de quinze ans de métier mais ça nous a appris beaucoup de temps pour bien apprendre. En Algérie, il y a un grand besoin de formation dans ce domaine. Ce qui m’a attiré vers la 3 D est l’amour du cinéma et du dessin animé. J’adore cette possibilité de pouvoir faire tout à partir d’un ordinateur. Donc, il faut s’armer de volonté et d’un ordinateur pour faire la 3D. Malheureusement, il n’existe pas d’école de formation professionnelle à la 3D même si certaines écoles privées font des travaux d’initiation à cette technique. Nous, en tant d’amoureux du domaine, avons fait trois formations en partenariat avec le FIBDA (Festival international de la bande dessinée d’Alger). Il s’agit d’un programme serré et dense. Ce que devrait apprendre une personne pendant six mois, on le fait pendant cinq semaines ! Durant cette période, les stagiaires qui ne savaient rien de l’animation ressortaient avec un court métrage. Dans le langage professionnel, l’animation, c’est l’acting, apprendre à quelqu’un à être acteur, interpréter ce qu’il y a dans le scénario et de le faire en image. Est-il nécessaire pour une personne qui veut s’initier à la 3D de maîtriser le dessin ? Pas du tout. Dans nos formations, nous prenons des personnes qui viennent de divers horizons. Il y a un paramètre qui est important : la passion. Nous recevons parfois des CV bien écrits avec une lettre de motivation mais nous sentons que les expéditeurs ne font cela que pour avoir le diplôme ou pour faire une formation. D’autres personnes nous écrivent pour nous dire qu’elles rêvaient de faire de la 3D depuis leur jeune âge. Nous préférons former ces personnes parce que nous sentons la volonté d’apprendre, de l’intérêt. Certains d’entre elles ne maîtrisent ni l’outil informatique ni les dessins mais arrivent à réaliser des choses, à créer. Y a-t-il de l’intérêt pour l’animation ? Avez-vous reçu beaucoup de demandes de formation ? Oui, une grande demande. Et là, je reviens à la thématique de ce colloque. A mon avis, le film d’animation peut sauver le cinéma algérien. Ailleurs dans le monde, le film d’animation attire toute la famille en salle. Les parents ne se soucient pas des scènes qui risquent de choquer ou de les mettre dans la gêne devant leurs enfants. Un film d’animation est une garantie. Ce n’est plus un film pour enfants, mais un film pour famille. Déjà en Algérie, il est difficile de trouver des endroits de loisir pour sortir en famille. Le cinéma est déjà une bonne solution. Sur le plan économique, le film d’animation coûte autant que les autres films… Oui, c’est le même budget que pour un long métrage de fiction. On ne peut pas produire un film d’animation avec peu de moyens. Je vous donne un exemple. Pour une scène d’une minute dans un film de fiction, on peut faire de dix à vingt prises. On occupe donc une équipe de tournage pendant vingt minutes pour faire une minute. Pour faire bouger pendant une minute un personnage dans un film d’animation, on occupe une équipe de tournage pendant une semaine ! Il arrive qu’on rate une scène. Là, pour refaire la même scène, il faut ajouter une autre semaine. Cela donc engendre nécessairement des coûts. Est-il possible d'aller vers un coproduction avec des partenaires étrangers de films d'animation en Algérie ? A part louer du matériel ou tourner dans un de nos décors,  un réalisateur étranger qui veut faire un film d'animation ne peut malheureusement pas compter sur la sous traitance algérienne. Dans le domaine de l'animation, tout peut être fait en extérieur. Il y a donc une grande capacité de collaboration avec l'étranger. Une collaboration qui peut être une source d'entrée de la devise et un moyen de lutte contre le chômage. Aujourd'hui, dans le monde, les chinois et les indiens assurent la sous traitance pour les producteurs occidentaux de films d'animation. Les chinois et les idiens sont même devenus des leaders mondiaux. Pour aller en Chine, un européen doit supporter six ou sept heures de décalage. Si un problème survient dans le travail de la journée, 24 heures sont perdues. Car, il faut attendre que la personne se réveille pour consulter ses émails. Il y a également une importante différence de culture et de langues. Nous avons travailler avec des studios étrangers et ça a très bien marché. Comment faire pour instaurer les bases d'une industrie du dessin animé en Algérie ? Il faut d'abord mettre en place des plans de formations. Les choses iront plus vite après. Il faut créer une pépinière du multimédia en Algérie. On parle par exemple de problèmes avec la post production cinématographique chez nous. La solution serait que l'Etat désigne un endroit où seront installées une école  et les entreprises de production et de post production de films d'animation. L'Etat peut par exemple garantir des connexions internet de haut débit, des prix de location attractifs et d'autres mesures. L'avantage d'être regroupé dans le même endroit est que l'école de formation peut profiter de l'expérience professionnelle des techniciens qui sont à côté. Des techniciens qui peuvent venir enseigner à tout moment. Les étrangers, qui souhaitent travailler avec nous, seront rassurés de trouver une zone entière consacrée au film d'animation. Ils auront confiance en constatant le nombre de personnels intervenant dans le domaine. Le cumul d'expérience et la chaîne de collaboration entre entreprises sont importants. Lorsqu'on vous partez dans un marché pour faire des courses vous avez plus de chance de trouver tout ce que vous cherchez que dans une simple boutique. C'est cela le principe. Créer une zone pour le film d'animation, un projet réalisable, selon vous ? Ce n'est pas du tout magique ! Ce genre de projet ne coûte pas cher. On peut le faire. Justement, nous préparons un événement pour la fin mai 2016. Il s'agit des journées portes ouvertes sur les productions de film d'animation en Algérie. Tous les studios seront là au Palais de la culture Moufdi Zakaria aux Annassers à Alger. Cette manifestation sera l'occasion d'approfondir le débat sur l'industrie du film d'animation Dans le box office mondial, les films d'animation arrivent en tête des productions qui enregistrent le plus d'entrées. Comment expliquez-vous cette situation ? Les films d'animation sont populaires parce qu'ils sont vus par les familles entières. J'ai vu cela dans les multiplex à l'étranger. Le film d'animation permet de passer une belle soirée. J'ai remarqué que dans tous les multiplex, les films d'animation sont à l'affiche à chaque nouvelle sortie. Vous ne pouvez pas imaginer l'ampleur de la demande des étrangers pour travailler, sous-traiter ou coproduire avec nous  ce genre de films. L'enfant est un grand consommateur d'images. A ce propos, les enfants algériens sont en train de perdre leur culture. Ils ne regardent que des dessins animés étrangers à la télé. Il faut faire attention à cette situation parce que demain, on ne sait pas quelle génération on aura !

Aéroport de Sétif : Une burlesque histoire de piste

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Oubliant que gouverner c’est prévoir, les initiateurs du renforcement de la piste sur une longueur de 2400 m décident de fermer boutique le 15 mars. Sans prendre la peine d’aviser les compagnies Air Algérie, Aigle Azur, Tassili Airlines et Atlas Atlantique Airlines desservant l’infrastructure. Prises au dépourvu, les compagnies obligées de prendre des dispositions et d’aviser leurs clientèles contestent cette manière de faire. N’ayant fait l’objet d’aucun communiqué ou d’explication des responsables concernés, la fermeture faisant grincer les dents et couler de l’encre est décalée au 1er avril 2016. Pour lever toute équivoque, les professionnels, les amis de l’infrastructure (ils sont nombreux à Sétif et ailleurs), ainsi que les voyageurs ne s’opposent pas à la rénovation de la piste ne pouvant plus supporter le poids d’un Boeing 737/800 (162 passagers). La durée des travaux fixée dans un premier temps à 10 mois irrite plus d’un. «En 1984, les travaux de renforcement des deux pistes d’une longueur de 3200  m de l’aéroport de Hassi Messaoud ainsi que le parking qui fait trois fois celui de l’aéroport de Sétif n’ont pas dépassé les 3 mois. Dire que les moyens dont nous disposons actuellement sont supérieurs et meilleurs à ceux de 1984. Avec un suivi continu et la mobilisation des équipes devant travailler au moins 2 fois 8 heures et 7 jours sur 7 comme c’est d’usage chez les sociétés étrangères exerçant en Algérie, il est possible de terminer les travaux en un mois. Pour l’intérêt de l’économie de la région et du pays, nous sommes dans l’obligation de faire une course contre la montre. Car le moindre centime perdu a son pesant d’or, en ces temps de vaches maigres», tonnent des initiés, arguments à l’appui. Avant de remettre sur le tapis l’exemple de l’aéroport de Dubaï, les professionnels citent le cas de l’aéroport de Douala (Cameroun) publié le 29 février 2016 sur le site Air-journal. «La réhabilitation et le renforcement de la piste, des bretelles de circulation et des aires de stationnement de l’aéroport international de Douala, la capitale économique du Cameroun, ne durera que trois semaines. C'est-à-dire du 1er au 21 mars 2016. Cet exemple est non seulement édifiant, mais doit donner à réfléchir aux responsables, interpellés une nouvelle fois afin de revoir leur copie et à la baisse la durée des travaux. On ne veut pas être la risée du monde. Pour relever le défi, le maître d’ouvrage et l’entreprise chargée de l’opération pour un coût de 600 millions de dinars (l’équivalent de 5,5 millions d’euros) doivent se mettre à niveau et se retrousser les manches», révèlent non sans colère nos interlocuteurs. Pour les mêmes raisons, l’aéroport de Sétif a été fermé une première fois le 21 septembre 2014, et ce, suite à l’incident de l’avion de la compagnie Tassili Airlines. Les voyageurs de Sétif et sa région ont été contraints d’emprunter des aéroports limitrophes. Durant les 45 jours d’inactivité, la structure et les intervenants ont enregistré un important manque à gagner. Le résultat d’exploitation a été affecté. Le mouvement d’avion, ayant atteint en 2013 les 3465 rotations commerciales et non commerciales, boucle l’année 2014 avec 3348 mouvements (voir le tableau relatif à l’évolution des mouvements). Durant la même période, une opération d’aménagement de l’aéroport de Dubaï a été lancée. Prévue initialement pour 81 jours, l’opération incluant en outre le renforcement d’une piste de 2400 m a été enfin de compte réalisée en 61 jours. Le fraisage d’une épaisseur de 10 cm et l’application de deux ou trois couches compactées de béton bitumineux peuvent être réalisés en un temps record. 237 000 voyageurs en 2015 Pour gagner du temps et terminer les travaux avant les délais impartis, l’entreprise doit obligatoirement recourir à la sous-traitance. Contactés, le directeur des travaux publics de Sétif et le patron de l’entreprise désignée tiennent un discours rassurant : «On doit savoir que le renforcement d’une piste d’un aéroport est une opération particulière et spécifique. Une piste d’atterrissage n’est pas une route. Nous allons tout entreprendre pour réduire au maximum les délais de réalisation. D’autant plus que le wali et le ministre des Travaux publics suivent de près l’opération». En parlant du premier responsable du secteur des Travaux publics, Abdelkader Ouali, qui a été à la fin des années 1990 wali de Sétif où il a laissé de très bonnes impressions, fera, nous dit-on, un tour à Aïn Fouara pour y effectuer une visite de travail. A noter qu’en plus des désagréments occasionnés aux voyageurs, les professionnels estiment le manque à gagner engendré par une aussi longue période de fermeture à 1 milliard de dinars. Afin d’alerter les pouvoirs publics, des professionnels remettent un dossier, confient un dossier englobant en outre la question de la nouvelle aérogare ILS, les 300 mètres en «jachère», au député et vice-président à l’APN, Salah Dekhili, qui a bien voulu nous donner un aperçu sur les démarches entreprises : «Sollicités, les ministres des Travaux publics et des Transports, mesurant l’importance de l’aéroport pour une aussi dynamique région, ne ménageront aucun effort pour que les travaux ne dépassent pas les quatre mois. Ils ont aussi promis de prendre en charge l’extension de la piste à 3200 m. Opération initiée par Son Excellence le président de la République.» La question de ILS (Instrument Linding Système), faisant défaut à l’aéroport du 8 Mai 1945, n’a pas été éludée. Selon le député, le ministre des Transports, Boudjemaa Telaa, s’est engagé à installer l’équipement précité, une fois achevée l’opération de renforcement de la piste. D’après le député, le 19 décembre 2015, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a, à l’issue de sa visite à Sétif, décidé de maintenir le projet de la nouvelle aérogare dotée d’une enveloppe de 200 millions de dinars. Ledit projet vient d’être «gelé». Au grand dam des Sétifiens s’expliquant mal les deux poids, deux mesures des décideurs. D’autant plus que frappée par la même mesure, l’aérogare d’Oran, qui est bien défendu, obtient, quant à lui, une dérogation. Interpellé sur la question, le ministre des Transports, qui n’a pas voulu s’engager, a promis de consulter le Premier ministre. Il convient par ailleurs de souligner que malgré les embûches tendues de certains décideurs de l’ombre, l’aéroport de Sétif est l’un des plus rentables du pays. Privé pourtant des opérations de hadj, omra et des lignes demandées telles que Istanbul, Alicante, Tunis, Casablanca, Dubaï et autres, l’infrastructure occupe, à l’international, la 4e position à l’échelle nationale. Les statistiques de l’Entreprise nationale de navigation aérienne (ENNA) l’attestent. Soulignons qu’en 2015, pas moins de 237 000 voyageurs, dont 214 000 pour l’international, ont bifurqué par l’infrastructure des Hauts-Plateaux sétifiens. Comparativement à l’année 2014, bouclée sur un chiffre de 219 000 passagers, la progression est de 7,5%. N’étant pas négligeable, la croissance se répercute positivement sur l’activité et le chiffre d’affaires des intervenants freiné par des «bureaucrates» bloquant l’ouverture de nouvelles lignes et créneaux. Cette réussite ne fait donc pas plaisir à tout le monde. Pour preuve, la mise en place d’un service de fret, la bonne prise en charge des voyageurs, l’ouverture d’espaces de shopping et de restauration ne sont pas d’actualité, alors que l’importante opération de réalisation d’une nouvelle aérogare devant insuffler une autre dynamique à l’aéroport d’une région commerciale de premier plan a été renvoyée aux calendes grecques, pour ne pas dire enterrer. Dire que le dit projet traîne depuis 2013, au grand dam des Sétifiens craignant pour l’aérogare qui risquerait de passer à la trappe, comme c’est le cas pour le complexe sportif de 50 000 places couvertes, initié, faut-il le rappeler une énième fois, par le président de la République en juin 2007.

Comment le 8 mars a été vidé de sa substance

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Comme chaque année,  mauvais goût et mièvrerie ont été au programme  du 8 Mars, une Journée internationale des droits des femmes détournée de ses objectifs. Chronique d’un hold-up. Les annonces des spectacles musicaux ou «déjeuners-gala» organisés à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme donnent la température : «C’est votre fête mesdames, sortez !» Cette journée en est ainsi réduite à des clichés : nombre d’infographes n’ont pas lésiné sur le rose clinquant pour élaborer les affiches, les chebs ont été appelés à la rescousse pour rendre hommage comme il se doit, semblent-ils croire, aux femmes et les roses rouges ont envahi l’espace. On pourrait même la confondre avec la fête des mères voire la St valentin qui fait une entrée timide mais bien réelle dans le calendrier DZ ces dernières années. Les annonces d'événements sur les réseaux sociaux - inabordables pour la plupart des femmes algériennes - sont légion. Force est de constater que Cheb Yazid n’est plus seul sur la scène. Lui qui compte arrêter les spectacles chantant les louanges de la femme, pour se mettre au service des enfants, peut désormais compter sur une pléthore de successeurs. De nombreuses boîtes d'événementiels ont surfé sur la vague de la «fête de la femme» pour consacrer un sacro-saint idéal féminin. Plus que tout, le marketing se met de la partie. On y trouve, entre autres événements, un «déjeuner spectacle et thé dansant avec, en option, un tatouage oriental pour la modique somme de 4800 DA/personne, un tirage au sort pour gagner des places au défilé» de la Algiers fashion week, un massage asiatique traditionnel à 3800 DA au lieu de 4800 DA ou des spectacles musicaux de Houari Manar, cheba Sousou ou cheb Wahid. Le chanteur Allaoua est aussi appelé à honorer les femmes au chapiteau du Hilton. La représentante de Triana Prod, l'agence qui organise l'événement se voit interrogée, lundi 7 mars, sur un plateau de Canal Algérie sur la raison pour laquelle ce spectacle est payant. «J’avoue, répond-elle, que je suis gênée par rapport à cette question, mais on va y penser à l’avenir.» Elle présente ainsi son projet : «C’est comme un 'ars' (une fête de mariage), il y aura des gâteaux, de la musique et pleines d’autres surprises.» Le mot est lâché. Cette notion de mariage on la retrouve aussi, en filigrane, dans beaucoup d'événements liés au 8 Mars. Au Salon international de la femme EVE, il est aussi question de gâteaux de fête, de coiffure, de cosmétique, de bijoux, de tenues traditionnelles et de produits de beauté et d'hygiène corporelle. Bref : des trucs de «filles» dans ce que le mot a de plus péjoratif. Même la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) – de même que d’autres compagnies et entreprises en tout genre – s’en mêle, annonçant une «distribution de roses aux voyageuses dans les gares et à bord des trains». «La commémoration de la Journée internationale de la femme sera célébrée à travers une offre spécifique destinée aux femmes par une gratuité sur les voyages effectués ce jour, couvrant tous les trains de banlieue au niveau du réseau ferroviaire national», a indiqué la SNTF. Il y a certes de la bienveillance, mais aussi beaucoup de clichés. Ce n’est pas faire honneur aux femmes que de leur offrir des chocolats enrobés de condescendance et de mépris. Du côté des associations féminines proches du pouvoir en place, l’opération de dévoiement d’une journée de revendication de droits en fête a commencé depuis quelques années. Cette fois, l’Union nationale des femmes algériennes s’est contentée d’un «festival», à l’occasion de cette journée, louant les efforts du chef de l’Etat pour consacrer la parité hommes-femmes dans la Constitution avant de faire place à la danse et à la musique. Sur les ondes de la Chaîne III, un présentateur semble ravi d’annoncer, pour ce samedi 12 mars au centre de la radio Aïssa Messaoudi, un tournoi de jeux vidéos réservé aux filles. Jusque-là, rien de déplaisant dans la mesure où il s’agit là d’un domaine généralement réservé à la gent masculine. Sauf que le tournoi est aussi l’occasion, pour les concepteurs du projet, d’organiser un «Cupcake gaming challenge», soit un concours de gâteaux ainsi qu’un atelier de maquillage. «Ben quoi, les femmes se maquillent, non ?», dit l’intervenant, s’essayant aux blagues de mauvais goût, avant de préciser qu’il s’agit en réalité d’un maquillage de Cosplay (destiné aux déguisements des fans de manga). Là aussi, l’intention de rendre hommage à la femme algérienne est sans doute louable. Peut-être même que tous ceux qui participent à ce grand n’importe quoi ne se rendent pas compte du tort qu’ils causent à cette journée de revendication. Il faut sans doute rappeler que le 8 Mars n’est pas une «fête» mais la Journée internationale des droits de la femme. Les mots ont un sens et ce glissement sémantique n’est pas fortuit. La journée est aussi riche en récupération politique. Le vernis féministe que se donnent les responsables des partis politiques s'écaille dès que l’on prête une oreille attentive à quelques discours prononcés. La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a, elle, choisi de ne pas tenir d’activité publique, estimant qu’il était inutile de rajouter une couche à ce qu’elle considère comme une «perversion» qui touche une journée qui est celle de la «femme travailleuse». Fort heureusement, il est encore des voix pour rappeler que la lutte pour l’égalité des droits est encore longue. Celles-ci, il faut le souligner, sont présentes tout au long de l’année. Portées par le réseau Wassyla, par NADA, le Ciddef, l’Observatoire de la violence contre les femmes et bien d’autres encore, on y parle de violences contre les femmes, de parité dans la Constitution algérienne, de l’égalité des chances, de la recomposition des rapports homme-femme dans la famille algérienne, de l’image des femmes véhiculée dans les médias. Parviendront-elles un jour à se faire entendre dans le brouhaha des youyous et de la zarnadjia ?  

«Zabana n'est pas un soldat de plomb !"

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La statue de Ahmed Zabana, qui trône sur la place donnant sur le pont du même nom, a été déjà changé parce que le fils de Zahana arborait fièrement son doigt, ce que d'aucun a vu comme un doigt d'honneur. La deuxième statue, avec un poing ferme, de la main gauche, a été inaugurée la veille du 1er novembre 2009 à l'occasion du 55ème anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale. Cette statue, toujours debout, n'échappe pas à la critique et risque, selon l'avis de plusieurs personnes interrogées, au niveau même de la direction des moudjahidines, d'être déboulonnée. Et pour cause, et tout simplement, elle ne peut représenter la stature d'un homme qui représente tant pour l'histoire de l'Algérie. "Cette homme mérite tous les égards. On ne peut pas le représenter par un soldat de plomb ! C’est une insulte à sa mémoire et une honte pour la sculpture" nous dira Belhouari Bachir, responsable de la pédagogie au niveau de la direction des beaux arts d’Oran. Contacté pour nous donner son avis d’expert sur la qualité de cette statue, il hochera très vite la tête d’un signe négatif et exprimera et son indignation et sa stupéfaction quand à la légèreté avec laquelle on a décidé d’ériger « une chose » qui ressemble à une statue. « Elle est disproportionnée.  Toutes les personnes qui passent au niveau du rond point Zabana sont unanimes à dire qu’il y’a quelque chose qui cloche dans cet imposant espace où trône une silhouette dorée pas du tout commode. Elle se situe légèrement au-dessus de la taille réelle sur un socle en marbre plus imposant que la statue elle-même. En outre cette stature du premier guillotiné est noyée dans cette masse d’espace vert. Nous nous devions de nous attacher à des règles d’urbanisme, d’environnement, de perspective, de temps et d’espace. L’œuvre qui est érigée aujourd’hui au niveau de cette place est démesurée, disproportionnée, sans aucun impact visuel. Elle perd de sa grandeur ». Le verdict est partagé par tous les spécialistes de l’art qui sont d’accord pour dire que les autorités, en décidant d’honorer un héro de la révolution l’a bien en contraire desservi son image. Belbachir nous a d’ailleurs indiqué que des artistes d’Oran ont proposé pour le même événement, le 55ème anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, une guillotine colossale haute de 15 mètres à ériger sur la place même de Zabana, avec la fameuse lettre de Ahmed Zabana à ses parents en bas de la stèle « mais aucune réponse ne nous a été signifié. Il s’avère que les autorités centrales ont décidés de travailler avec des pseudo artistes qui seraient d’Alger » rajoutera notre interlocuteur. La statue de Ahmed Zabana a été réalisée grâce au concours de l'Union nationale des artistes algériens (UNAA), en accord avec la direction des Moudjahidine de la wilaya d'Oran. Une somme de 600 millions de dollars a été débloquée par Sonatarch en prévision du GNL 16 et ce pour l'embellissement des grandes artères et des ronds-points d'El-Bahia.  
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