L’initiative du Musée régional du moudjahid de Tizi Ouzou d’organiser tout récemment, au campus de Tamda de l’Université Mouloud Mammeri un hommage à la mémoire du martyr commandant Ali Bennour, a été très appréciée par la nombreuse assistance. Les organisateurs de l’hommage consacré à celui qui a été appelé par ses jeunes pairs dans les maquis de la Révolution de Novembre 1954 "Ammi Ali" ou "Ali Moh N-Ali", ont touché un public approprié, jeune, instruit et intéressé.
Un film documentaire, réalisé par la famille du martyr commandant, a été projeté à l’assistance. Dans ce document de 52 minutes, l’on aura tout le temps d’apprendre, à travers des témoignages, aussi bien de ses deux sœurs (Tassadit et Houria) et de son frère Slimane en vie, ainsi que de son fils Hocine âgé de 65 ans, que de ses nombreux compagnons d’armes, qui rapportent de précieux renseignements sur le parcours de ce maquisard novembriste. Les témoignages rapportent que Ali Moh N-Ali, l’enfant du village Ighil Yahia-Ouali (Douar Beni Chenacha), dans la commune de Tadmaït (ex Camp du Maréchal), avait intégré les rangs du MTLD vers 1947-48, soit à moins de 20 ans, entraîné par son père, Moh N-Ali Bennour.
Il mènera à cette époque, comme première action politique, une campagne farouche, en 1947, contre des élections organisées par l’administration coloniale. Grâce à son action, cette consultation se solda par un cuisant échec dans la commune de Tadmaït. Se sachant identifié par les autorités coloniales comme étant un des principaux instigateurs du sabotage de ladite élection, Ali Bennour s’enfuira vers la capitale, Alger, en abandonnant son travail. Il poursuivra ses tâches d’organisation des cellules de militants, la vente de journaux du parti et le ramassage de cotisations.
Au déclenchement du 1er Novembre 1954, Ali Moh N-Ali, qui sera suivi ensuite dans le maquis par ses trois frères, sera à la tête du groupe qui incendia, à Tadmaït, l’unité Tabacop, le dépôt de bois et liège, ainsi que le sabotage de poteaux et de lignes téléphoniques à travers l’ex-Camp du Maréchal. Sana Ramdane, un de ses compagnons de lutte, plusieurs fois blessé, notamment durant l’année 1959 en zone 4 de la Wilaya III, actuellement président de l’association de wilaya des grands invalides de guerre, nous dira : «Ali Bennour, que nous appelions "Aami Ali" par respect à son âge (plus de 30 ans) – j’avais moins de 20 ans en 1959 – était alors notre commandant.
Avant le début de la sinistre "Opération Jumelles" du général Challe, c’était lui qui sillonnait notre zone pour informer les moudjahidine et les moussebiline sur la terrible épreuve à laquelle nous allions faire face. Je me souviens lorsqu’il nous avait rassemblés pour nous annoncer que "celui d’entre vous qui serait recherché doit se considérer comme moudjahid et donc prendre ses précautions en restant au maquis pour ne pas se faire arrêter, mais celui qui n’est pas recherché, peut toujours continuer son activité habituelle de moussebel ; nous ne savons pas ce que l’armée coloniale fourbit contre nous, mais dès lors, préparons-nous pour creuser des abris !" Il avait ordonné alors à ce que chaque élément d’entre nous, moudjahid ou moussebel, qui connaît le terrain, prenne avec lui son camarade venu hors de la localité ou non habitué au terrain.
Il nous conseilla alors de nous séparer en petits groupes pour éviter d’éventuels carnages dans nos rangs, sachant la maigre quantité d’armes et de munitions en notre possession. Au lendemain de la mort d’Ali Mouh N-Ali avec Ramdane Oukil, un chef de notre groupe, Moh-Akli Brahimi, un Algérois (décédé récemment), jura de venger notre chef et notre infirmier. Il organisa son coup tout près du village Maâmar et réussit à tuer plusieurs éléments de l’armée française dont des officiers.
Dans ce groupe il y avait aussi Hocine "Chipiri" (encore en vie), Amar Mokrane, Slimane Ouzidene, Saïd Mezazoua, etc. Le jour de la mort de Ammi Ali, nous étions venus de Sidi Ali Bounab, en arrivant à un endroit appelé "Ouguerfene" où il y avait un refuge et un lieu où étaient en soins près d’une vingtaine de djounoud blessés, sous la responsabilité d’un ''aspirant sanitaire'', ainsi que de Ramdane Oukil, le commandant Bennour s’est rendu dans ledit abri pour visiter et conforter les blessés, avant de partir, prévoyait-il, rapidement au PC de wilaya exposer les besoins du secteur et présenter son bilan.
En demandant à l’aspirant sanitaire de lui remettre le listing des besoins attendus, ce dernier le ''pria'' d’attendre jusqu’au lendemain matin, le temps qu’il préparerait son rapport et la liste des besoins. Ammi Ali m’avait dit alors d’aller vers le lieudit "Imezoughene" avec un moudjahid que nous appelions "23", dont j’ignore le vrai nom. Nous prîmes alors à deux une galette et une boîte de sardines chacun.
Le lendemain, dès 11 heures, "23" me secoue, alors que je sommeillais, très fatigué, et me dit de regarder dans les environs du refuge où nous étions la veille ; nous vîmes arriver des soldats français au lieudit "Annar n-Amar Ouramdane". Moins d’une demi-heure plus tard, nous entendîmes des rafales d’armes automatiques. Il s’avéra finalement que la "demande" d’attente pour le lendemain de la part de "l’aspirant sanitaire" pour élaborer son rapport, était un piège préparé avec la complicité d’une femme, considérée comme une "moussebila", en vue de prendre le commandant.
C’est ainsi que Ammi Ali avait été dénoncé par les deux individus et sera capturé, après avoir épuisé toutes ses munitions, alors qu’il était gravement blessé à la tête et au bras. Les atroces tortures sur le jeune infirmier Oukil Ramdane et son chef ont "convaincu" les tortionnaires qu’ils n’allaient pas avoir les aveux recherchés. Ils décidèrent alors de les passer lâchement par les armes et de prendre une quinzaine d’autres blessés pour la prison et dont j’ignore aussi, aujourd’hui, ce qu’il en était advenu de leur sort», nous narre M. Sana.
Ali Bennour, entraîné par son père, Mohamed Ben Ali, à la révolution, sera rejoint par ses 3 frères ; Rezki, Rabah et enfin Slimane, qui est toujours en vie. Le père et 3 de ses enfants tomberont les armes à la main durant l’opération "Jumelles" (juillet/décembre 1959) à l’âge, respectivement, de 63 ans (Moh N-Ali, 1896-1959), de 32 ans (Ali, 1927-1959), de 30 ans (Rezki, 1929-1959) et de 28 ans (Rabah, 1931-1959). Oukil Ramdane, l’infirmier de l’ALN dans la même zone, tué en même temps que son chef, Ali Bennour, le 21 octobre 1959, avait 26 ans.
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«Ammi Ali» raconté par ses frères d’armes
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Bangkok : La Venise de l’Orient
Construite sur les rives de Chao Phraya, le fleuve des Rois, la mégapole de Bangkok fascine par ses nombreux palais, ses temples, ses tours qui s’élancent dans le ciel…
Nous avons embarqué de l’aéroport Houari Boumediène à bord d’un A340 de la compagnie Qatar Airlines, le vendredi à 16h, et sommes arrivés à Bangkok le lendemain samedi à 10 heures. Néanmoins, nous avons fait escale à l’aéroport Hamad du Qatar aux environs de minuit. Dans le nouvel avion, le commandant de bord nous annonce que notre voyage va durer 5 heures et demie. Enfin, notre avion atterrit à l’aéroport de Suvarnabhumi de Bangkok à 10 heures, alors qu’à Alger il doit être 4 heures du matin. Une différence de temps et de climat aussi !
Le thermomètre indique 30 degrés centigrades. Et pourtant, nous sommes encore en saison clémente ici en Thaïlande. La prochaine saison qui commence en février prochain sera chaude. Notre premier hic est lié à la langue, surtout que l’accent en anglais des Thaïlandais diffère du nôtre. Qu’à cela ne tienne, mon accompagnatrice arrive tant bien que mal à communiquer, ce qui résout nombre de problèmes. Finalement, une voiture taxi nous prend en charge pour Bangkok, notre destination.
Tout au long du voyage, nous sommes subjugués par les nombreuses tours, parfois hautes de 40 ou 50 étages. Mais ce n’est pas seulement cela qui attire les touristes à Bangkok. La ville permet aux visiteurs de découvrir la culture fascinante de la Thaïlande. Métropole dynamique, Bangkok, fondée en 1782 par le premier monarque de l’actuelle dynastie, celle des Chakri, est un centre rayonnant dans les domaines culturel, spirituel et diplomatique.
C’est une ville qui s’étend sur 1500 km et compte 10 millions d’habitants, soit le 10e de la population totale. Les gens ne se privent pas de sourire aux visiteurs ; c’est pourquoi on appelle la Thaïlande le pays du sourire. Nous avons pris nos quartiers dans le district de Sukhumvit road. Ce qui est impressionnant, c’est que cette grand avenue est traversée par le skytrain, un train aérien appelé BTS ( Bangkok Transit Système). Ici, les grands boulevards comme Sukhumvit disposent de rues latérales qui portent le même nom avec un numéro qui les distingue les unes des autres.
Cette importante avenue compte des centaines de boutiques et de magasins dont beaucoup se spécialisent dans la confection de costumes, de chemises, de cravates… Les tailleurs qui y travaillent sont tous des Indiens. Certains communiquent avec nous en arabe et même en français. Justement, l’usage du français n’a pas cours dans Bangkok. A titre d’exemple, nous avons beau chercher un guide de la ville en français, eh bien nous n’avons rien trouvé dans les librairies . «Please, have you got french books ?» La réponse est non !
Nous nous sommes contentés d’un guide en anglais, d’autant que les caractères sont en latin et donc faciles à lire. On nous recommande une visite au bord de Chao Phraya, le fleuve des Rois, lequel traverse toute la ville avant de s’aventurer dans les canaux adjacents, ce qui permet au visiteur d’admirer les anciens quartiers de Bangkok. Bangkok est appelée justement la Venise de l’Orient parce que les touristes aiment à embarquer dans les petits bateaux pour traverser Chao Phraya, ce qui permet d’embrasser les paysages de la ville. Il faut dire qu’on se bouscule sur les quais pour prendre place dans les petits bateaux.
Les touristes, armés de caméras et d’appareils photo cristallisent chaque moment passé sur le fleuve. La prise de photos est une activité incontournable ici à Bangkok. On est subjugué par les nombreux temples et palais qui racontent l’histoire de l’ancien Siam. Alors, cap sur le grand palais ! Il constitue l’une des plus importantes curiosités de la ville. Malgré la chaleur, les touristes prennent d’assaut les lieux. Anglais, Français, Italiens, Finlandais, enfin des touristes de toute l’Europe affluent pour visiter le Grand Palais.
Ce dernier est ceinturé par un mur de 1900 mètres. Le palais couvre une superficie de 218 000 m2. Outre le temple du Bouddha d’émeraudes, les palais Chakri Maha Prasat et Borom Phirom, le visiteur peut admirer le Vimanmek, la plus grande demeure en teck doré du monde. D’ailleurs, tous les bâtiments et dépendances sont dorés. Le Vimanmek a été la résidence du roi Chulalongkorn pendant six ans, période importante durant laquelle fut opérée la transition entre le Siam conservateur et traditionnel et la Thaïlande moderne et contemporaine.
Parmi les autres curiosités, on nous signale les parcs et jardins dont Bangkok s’enorgueillit à juste titre, d’autant qu’ils constituent des havres de repos et liberté pour les Bangkokois ou tout touriste qui les fréquentent. Nous voici dans le parc appelé Lumphini. Situé au nord de la ville, ce dernier est le lieu de prédilection pour les amateurs de jogging. Enfants, jeunes et moins jeunes s’adonnent à des exercices de footing ou de gymnastique. Parfois, ce sont des familles entières qui s'y rendent pour des séances de course à pied tout autour des pistes du parc Lumphini.
Certains n’y viennent que pour s’étendre sur l’herbe et goûter au repos qu’offrent les lieux. Nous avons constaté que tous les jardins disposent d’un lac artificiel où des jeunes utilisent des pédalos comme on le fait par ailleurs dans la mer. Notre hôte, un Thaïlandais de confession musulmane, nous invite à prendre un plat dans un restaurant halal. Z. El Kifflee, puisque c’est de lui qu’il s’agit, nous emmène dans le district des Thaïlandais musulmans, en l’occurrence au Phetchaburi. Un quartier où s’activent et habitent des Thaïs musulmans. Les jeunes femmes et les jeunes filles portent le hidjab. Plusieurs gargotes s’alignent tout le long de la rue que nous traversons de nuit. Le salut connu est «Salam alikoum». Il y a même une mosquée dans le coin. On y a déjà accompli la prière de l’icha.
Dans le petit restaurant halal, la serveuse nous présente le menu du jour : il contient, comme de bien entendu, le fameux Pad Thaï, un plat national préparé avec des nouilles de riz sautées, et aussi le Tom yam, un autre plat traditionnel, soit une soupe de crevettes à la citronnelle. C’est une soupe très épicée qui ouvre l’appétit. On peut demander aussi un fried rice, du riz frit avec des écrevisses ou des crevettes. Excellent, ce plat ! Le lendemain, nous nous rendons au quartier arabe situé dans le district Nana, toujours sur le boulevard Sukhumvit. Ici se sont établies quelques familles arabes venues d’Egypte, du Yémen et d’autres contrées arabes. Certains y ont ouvert des magasins proposant toutes sortes de vêtements, de bijoux et d’articles divers et variés.
Il y a même des restos portant des enseignes en arabe. On n'y sert que des aliments licites. Ce qui est remarquable, c’est que même l’eau minérale vendue dans les supermarchés porte le label «halal». Les Arabes, surtout ceux qui viennent des pays du golfe, sollicitent les services des cliniques pour se soigner. Il existe en effet de nombreuses cliniques à Bangkok qui offrent des services intéressants en matière de soins. Le tourisme médical est devenu une source de rentrées de devises pour le pays. On ne peut passer sous silence la vraie tradition thaï qu'est le massage. Partout où nous nous sommes rendus, nous avons constaté la présence de salons spécialisés dans le massage.
Ce qui ne manque pas d’attirer notre attention, c'est que les masseuses portent la même tenue, ce qui les distingue des autres masseuses. Les soins proposés sont le massage thaï, le massage traditionnel, le massage à l’huile, le massage des pieds, des mains, du corps. Les prix varient d’un salon à un autre. Cela va de 100 bahts (équivalent à 300 DA) à 700 bahts. Cela dépend des soins demandés et de la place du salon. Si vous vous rendez à Bangkok, n’oubliez pas de visiter le mythique quartier chinois, appelé à juste titre Chinatown. Les Chinois se sont établis en Thaïlande depuis le XIVe siècle, y trouvant un terrain fécond et favorable pour leur économie.
Dans ce quartier aux couleurs chinoises se bousculent des boutiques, des échoppes, des magasins spécialisés dans la vente de bijoux en or pur. En effet, les bijoux sont en or 24 carats. On le voit à leur brillance. Dans les autres rues de Chinatown, on trouve de tout : des victuailles, des épices, des gargotes, des marmites desquelles s’échappent des odeurs que nous ne connaissons pas. Les chinois usent et utilisent des épices et des ingrédients dont nous ignorons même le nom. Un quartier à visiter pour la charge émotionnelle et épicée qu’il procure au visiteur.
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Zéro file d’attente pour Averroès
La gestion des rendez-vous est vécue par bon nombre de praticiens et de patients comme un véritable écueil qu’il n’est pas toujours aisé de contourner.
A moins de s’en donner les moyens et trouver des solutions capables d’aboutir à des résultats satisfaisants pour les deux parties. Un couple d’ophtalmologues de Constantine a trouvé la parade en optant, depuis 2014, pour un système de rendez-vous via un site internet. Pionniers en la matière, ces deux spécialistes ont commencé dès l’année 2002 à exploiter les avantages que procure l’outil informatique en procédant à une gestion informatisée du cabinet médical.
«Au lancement déjà de notre activité il n’y avait pas de dossier médical en papier permettant de gérer scrupuleusement les horaires des rendez-vous, soit par téléphone soit sur place», précise le Dr Adjali Temim, fondateur avec sa conjointe, le Dr Benelbedjaoui Yamina Saïda, le centre d’ophtalmologie Averroès (Ibn Rochd), domicilié dans la commune de Aïn Smara. Mais, après l’extension de leurs activités et l’augmentation du nombre de patients, ces spécialistes ont constaté une multiplication des rendez-vous non honorés, une «multiplication des altercations entre patients et assistants au niveau de la réception, ainsi que la présence de files d’attente devant le cabinet avant 5h voire 4h du matin avec un affichage de listes établies par les patients eux-mêmes», ajoute le Dr Adjali.
Consécutivement à ce constat, ces ophtalmologistes ont décidé de réagir en instaurant, entre 2009 et 2011, le rendez-vous par mail avant de passer en 2012 au RDV via des formulaires à remplir après avoir pris un rendez-vous prépayé sur place. Actuellement, les rendez-vous se font par le biais d’un site internet avec partage en mode public de tout le programme quotidien. Pour le Dr Adjali Temim, ce système a permis de «limiter le face to face au niveau de la réception, de privilégier la vie du cabinet sans perdre le contrôle de son agenda, de diminuer nettement les rendez-vous non honorés, d’avoir zéro file d’attente avant l’ouverture du cabinet, et de réduire les délais d’attente à quelques minutes grâce aux RDV horaires».
Ce système assure au centre Averroès «une transparence absolue de la gestion des rendez-vous. De cette manière, le personnel et les patients ne peuvent pas s’approcher pour obtenir des avantages ou des prérogatives particulières». Cela dit, le Dr Adjali affirme qu’il est «impossible d’adopter un tel système, sans base de données sur les patients parfaitement sécurisée et des rendez-vous horaires stricts.
D’où l’intérêt pour les nouveaux patients de se présenter sur place pour une primo inscription afin d’obtenir un identifiant (un code). La population de Constantine semble y avoir adhéré. Nous travaillons actuellement avec 6 wilayas et ça marche parfaitement, en dépit des feedback négatifs émanant de la classe intellectuelle, voire médicale. A noter enfin que ce système a été lancé aux Etats-Unis, en 2007, par la société Zocdoc et impulsé en France en 2013 par deux start-up, Keldoc et Mon docteur», conclura notre interlocuteur.
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«Les toilettes sont à la mosquée !»
Mme Nora L., 51 ans, a vécu le mois dernier une bien curieuse expérience en se rendant pour la première fois chez un médecin privé, dont le cabinet est situé au niveau de la cité Daksi Abdeslem.
Après quelques heures d’attente, cette dame, prise d’une envie pressante, a demandé à l’assistante de lui indiquer les sanitaires, mais à sa grande surprise elle apprend qu’il n’y en avait pas ! «J’étais pratiquement au bord du malaise et l’assistante m’a alors recommandé de me rendre à la mosquée du quartier pour me soulager comme s’il s’agissait de toilettes publiques. désemparée, j’ai finalement pris un taxi et je me suis rendue chez mes parents à Sarkina. Je suis retournée trois quarts d’heure plus tard au cabinet médical et attendu encore une bonne heure avant de passer ma consultation. Une journée mémorable que je ne suis pas près d’oublier», raconte-t-elle, outrée.
Une mésaventure quasi similaire également vécue par un sexagénaire, diabétique, à qui la secrétaire d’un spécialiste chez lequel il a été adressé a conseillé de se soulager «derrière l’immeuble dans un coin retiré, à l’abri des regards. Beaucoup de malades y sont déjà allés». Deux exemples qui en disent long sur les conditions d’attente et leurs corollaires chez certains praticiens.
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Le médecin de famille, l’autre alternative
La médecine générale est depuis plusieurs années au centre d’intenses débats et de discussions dans plusieurs pays afin d’en faire une médecine praticienne, de proximité, orientée vers la famille et la communauté.
C’est notamment le combat de la world organization of family doctors (Wonca), l’organisation mondiale des médecins de famille qui aspire, à travers les 118 organisations membres qu’elle regroupe, à améliorer la qualité de vie des populations du monde à travers la définition et la promotion d’une médecine de famille de haute qualité.
En travaillant de concert avec la société tunisienne de médecine de famille (STMF), la société algérienne de médecine générale (SAMG) aspire justement à mettre au point un programme de développement professionnel continu des médecins généralistes «à travers un diagnostic précoce des maladies chroniques établi par le médecin de famille, permettant de réduire les dépenses de santé publique». C’est ce qui a notamment été décidé lors du 4e congrès de la SAMG, organisé à Constantine en décembre dernier.
Selon le Dr Amor Bouchagour, «il existe une réelle volonté de créer en Algérie une médecine de famille visant à juguler justement le flux des malades vers les spécialistes. Il y a actuellement un abus de soins de la part du citoyen. Or, il y a une pyramide de soins à respecter et c’est le généraliste qui doit orienter les patients.
La SMAG collabore actuellement étroitement avec la société tunisienne de médecine de famille et est partie prenante du projet de développement continu du médecin généraliste en Algérie, mais aussi au niveau du Maghreb». Toujours selon notre interlocuteur, la promotion de la médecine de famille en Algérie permettra également de mettre fin à certains disfonctionnements, en uniformisant en premier lieu les honoraires des praticiens. Une fois achevé, le travail de la SMAG, qui a procédé au renouvellement de son bureau le 20 janvier 2015, sera proposé au gouvernement.
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Entre listes, blacklists et RDV en ligne
Quand un médecin a pignon sur rue, sa notoriété est très vite optimisée par les patients dont le flux est souvent tel que la gestion des rendez-vous devient un véritable casse-tête. Du coup, de nouvelles pratiques ont vu le jour, mettant à mal déontologie et sens de l’éthique. Pour un rendez-vous médical, l’on n’hésite plus à associer proches et amis et à «louer» les services des «parkingueurs» pour une inscription aux aurores. Une situation déplaisante que certains praticiens ont décidé de dépasser en privilégiant les RDV en ligne. Mais ils restent toutefois peu nombreux à cause du manque d’adhésion de la communauté médicale à ce néologisme.
A l’aube d’une froide journée du mois de janvier 2016, El hadj Ahmed se rend, comme d’habitude, à la mosquée du quartier pour faire la prière du fedjr, avant de passer chez un médecin privé, un endocrinologue, dont le cabinet est situé non loin de son domicile. Ce spécialiste consulte-t-il si tôt ? «Je me suis rendu au cabinet de ce praticien pour inscrire ma sœur âgée de 69 ans sur la liste des rendez-vous avant 7h du matin, car au-delà la liste des patients inscrits sera bien remplie et elle risque alors de poireauter toute la journée pour espérer une consultation.
A son âge, elle ne peut pas se permettre de rester assise durant des heures à cause de ses problèmes de diabète et d’arthrose. A chaque fois qu’elle doit se rendre chez son médecin, ne serait-ce que pour renouveler son ordonnance, c’est le même scénario. Je passe inscrire son nom avant de rentrer chez moi», raconte El hadj Ahmed, maugréant contre cette impérative inscription matinale imposée par certains médecins privés, essentiellement des spécialistes.
Les personnes souffrant de diabète, d’hypertension artérielle et de pathologies cardio-vasculaires ou liées aux troubles de la tyroïde notamment sont les plus touchées par cette pratique singulière qu’affectionnent certains praticiens, de plus en plus nombreux à délaisser le concept du rendez-vous par téléphone. Employée dans l’administration depuis 15 ans, Mouna commence à se familiariser avec cette «pratique dégradante», selon elle, pour avoir accompagné plusieurs fois sa mère chez le médecin. «Ma mère a été orientée vers un neurologue suite à des douleurs lancinantes dans les jambes.
En appelant au cabinet pour prendre rendez-vous, j’ai été étonnée d’entendre son infirmier me demander de me pointer à 7 heures du matin. A cause du transport et des embouteillages, nous n’avons malheureusement pas pu arriver avant 9h. L’infirmier nous a regardées avec dédain en disant : ‘‘c’est maintenant que vous venez ? Tant pis pour vous, vous resterez en dernier’’. C’est ce qui s’est produit, puisque ma mère a passé sa consultation vers 15h30.
Ce jour-là que nous avons appris, ma mère et moi, à nos dépens, qu’il faut absolument s’inscrire très tôt le matin», confie-t-elle. Etant souvent dans l’impossibilité de répondre à cette exigence liée à l’horaire, de nombreux citoyens mettent souvent famille, amis ou collègues de travail à contribution. Toute personne résidant près du cabinet du médecin ciblé est sollicitée, priée et mille fois bénie de bien vouloir sacrifier une ou deux heures de sommeil pour une inscription sur la fameuse liste «au chant du coq» .
Les «parkingueurs» à la rescousse
A défaut de proches ou de connaissances, certains optent pour un système D peu commun, mais qui fait de plus en plus d’émules. D’après le témoignage de plusieurs citoyens, des personnes dans l’incapacité de se déplacer à l’aube «graissent la patte aux ‘‘parkingueurs’’ pour qu’ils apposent leur nom sur la liste moyennant une commission de 50 DA minimum». En somme, tous les moyens sont bons pour faire partie des premiers inscrits !
«Je trouve que cela donne une image très négative des praticiens adeptes de la liste. Ils donnent l’impression de chercher davantage après le porte-monnaie de leurs patients qu’autre chose. Cela relève du commerce et risque de porter préjudice au fait de la médecine», déplore un omnipraticien ayant requis l’anonymat. Il juge cela «dévalorisant» pour le médecin, pourtant soumis à des règles de déontologie. Interrogé à ce sujet, le Dr Amor Bouchagour, médecin généraliste à l’EPH Mohamed Boudiaf d’El Khroub, et membre de la section ordinale des médecins de la région de Constantine, estime que «la gestion du cabinet d’un médecin libéral est soumise à des règles de déontologie médicale.
Et certaines pratiques peuvent justement porter atteinte à la profession. La commission ‘‘exercice et qualification’’, dont je suis le rapporteur, est à l’écoute pour informer les membres du bureau et avertir notamment les confrères sur la manière d’inscrire les malades.» Notre interlocuteur rappelle, à cet effet, que la mission du Conseil de l’ordre des médecins est principalement «de veiller à ce que les médecins respectent le code de déontologie médicale. C’est ce code qui fixe les règles et usages que tout médecin doit observer ou dont il s’inspire dans l’exercice de ses fonctions.»
Des malades blacklistés
Fuyant les établissements publics, la vétusté des équipements, l’insalubrité et la lenteur de la prise en charge, les Algériens n’ont plus l’impression de gagner au change en prétendant aux services des praticiens privés. Les salles d’attente font le plein dès les premières heures du jour ; quant aux patients qui ont eu la malchance d’arriver au-delà de l’heure butoir de 7h du matin, ils risquent, tels des lanternes rouges, d’être recalés pour le lendemain. Cette situation est mal vécue par de nombreuses personnes interrogées à ce propos, accusant au passage certains médecins privés d’ «imposer leur diktat aux malades». Les praticiens s’en défendent et renvoient, quant à eux, la balle aux patients.
En sa qualité de membre du Conseil régional de déontologie médicale, le Dr Bouchagour n’exclut pas l’implication de «certains malades qui sont parfois responsables de ce genre de comportement», à cause notamment du non-respect des rendez-vous médicaux, contraignant de nombreux praticiens à ne plus y recourir ou en s’adaptant autrement aux «mauvais» malades, en les mettant carrément sur liste noire. C’est le cas d’une chirurgienne dentiste libérale, domiciliée au niveau du quartier de Sidi Mabrouk, et grande partisane de la blacklist depuis plusieurs années.
«J’ai eu affaire à des patients qui ne viennent pas aux rendez-vous, sans se manifester préalablement pour l’annuler. Cela a perturbé mes plannings de la journée, surtout quand je programme un patient pour un acte de petite chirurgie et qu’il me fait faux bond sans prévenir. Je me retrouve alors avec une bonne partie de la journée libre, sans le moindre malade, sachant que je n’avais pas fixé d’autres RDV. Beaucoup de patients ignorent les règles de civisme en se décommandant la veille en cas d’empêchement.
Pour remédier à ce problème, je mets ce genre de personnes peu scrupuleuses sur liste noire», nous dit-elle. Cela dit, même si certains citoyens ont de par leur désinvolture imposé de nouvelles mœurs, les règles de la déontologie et de l’éthique sont malheureusement bafouées par une pratique loin de valoriser une noble profession comme la médecine.
Les limites de l’éthique
Partant, une question s’impose : contraindre les patients à s’inscrire sur une liste dès les premières lueurs du jour est-il compatible avec les règles de la déontologie ? Qu’en est-il de l’éthique ? S’adapter au comportement incivil de certains malades peut-il justifier l’application de nouvelles règles, mêmes négatives pour l’image du médecin ? Questionné à cet effet, le Dr Bouchagour rappelle que «le médecin doit avant tout veiller à l’éthique et au respect des patients», tout en précisant qu’«en cas de faute grave ou de manquement aux règles de la déontologie, le médecin concerné est passible d’une sanction disciplinaire suite à une plainte d’un autre médecin, d’un patient ou d’une autorité judiciaire».
Une locataire de la cité du 20 Août 1955 de Constantine, résidant dans le même immeuble qu’une spécialiste, nous a révélé comment, chaque jour, à partir de 5h du matin, les malades commencent à affluer et à se rassembler dans la cage d’escalier dans l’attente de l’ouverture du cabinet à 7h. «Cette situation intenable a poussé les locataires de l’immeuble à se plaindre auprès de la spécialiste qui a expressément demandé à ses patients d’attendre à l’extérieur.
Dociles, ils continuent à venir toujours aussi tôt, mais ils restent depuis dans leurs véhicules jusqu’à l’arrivée de l’assistante», nous dit-elle. Au bout du compte, comment en est-on arrivé à cette situation kafkaïenne ? Les praticiens ont-ils délibérément abdiqué, ou serait-ce plutôt les patients qui ont imposé leur diktat ? Cela rappelle un peu le paradoxe de l’œuf et de la poule…
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Une belle balade touristique
Il n’y a pas plus passionnant en philatélie que de découvrir l’Algérie, ses villes, ses beaux rivages, son riche patrimoine historique et architectural, son Sahara et ses palmeraies à travers une série de beaux timbres, illustrant les merveilles de ce pays. La première série post-indépendance à usage courant, émise par la Poste algérienne le 01/11/1962 a révélé à travers une mosaïque originale les magnifiques Gorges de Kherrata (dessin de Pitz-Camis), mais aussi le barrage de Foum El Gherza à Biskra, œuvre de Combet-Munier, la Grande mosquée de Tlemcen, dessin de Pheulpin, les puits pétroliers de Hassi Messaoud, et les Portes de Lodi à Médéa (Combet). Une série qui traduit la richesse naturelle, culturelle et historique d’un pays qui vient de recouvrer son indépendance. Mais les premières «vraies» apparitions des villes algériennes sur timbres poste remontent à la première série de la Poste aérienne réalisée par J.
Combet le 25/03/1967, révélant les beaux paysages vus du ciel de Ghardaïa et d’El Oued. Un voyage qui se poursuivra à travers la ville de Tipasa, dans une figurine du même Combet, émise le 20/01/1968, puis au port d’Oran (dessin d’Ismaïl Samsom), émis en 1972. Des émissions qui seront relayées en 1991 par deux timbres sur Béjaïa et Annaba, œuvres de Tahar Boukeroui. C’est grâce surtout aux timbres à usage courant, qui voyagent beaucoup dans les courriers postaux, que l’Algérie a fait découvrir au monde ses merveilles naturelles.
Ce fut le cas pour le fameux timbre des Gorges d’El Kantara, émis en 1977. Le 13/05/1982 fut lancée la plus populaire des séries à usage courant «Vues d’Algérie avant 1830», qui fera succès jusqu’aux années 1990 (4 séries parues entre mai 1982 et octobre 1984), en ressuscitant ces belles photographies d’antan d’Alger, Constantine, Tlemcen, Oran, Béjaïa, Mostaganem, Koléa. Une série qui n’a pas été étendue malheureusement à d’autres villes. Côté merveilles touristiques, on citera les beaux sites de Chetaïbi, Meniaâ et Bou Noura, superbement illustrés dans l’émission dessinée par Ali Kerbouche, parue en 1985. Le même artiste signera un autre beau timbre sur Timimoun en 1989.
A partir de 1993, une longue et belle balade touristique à travers les timbres-poste révèlera le Mausolée royal de Tipasa et le port de cette ancienne cité romaine, avec un passage à la Corniche de Jijel, un survol du site de Kerzaz dans la région du Saoura (dessins de Kamreddine Krim), et une halte à la belle palmeraie de Taghit (dessin de Mounir Azzouz). Dans ce voyage, on découvre en 2005 le Fort de Santa Cruz à Oran (œuvre de Kerbouche), mais aussi plusieurs sites et monuments symboliques des villes algériennes, à l’image du célèbre Jardin Landon de Biskra et le Jardin Ibn Badis à Oran, illustrés en 2007, mais aussi les gares ferroviaires d’Alger, Constantine, Oran et Skikda, sujets de figurines parues en 2008.
Cette thématique, qui a aussi révélé les villes de Tébessa, Saïda et Miliana, a permis de faire connaître le Fort de Gouraya et la Porte sarrasine à Béjaïa, les ports de Béni Saf à Aïn Témouchent et de Stora à Skikda, les Grottes de Béni Add à Tlemcen et de Ziama à Jijel, mais aussi La Casbah d’Alger, de Constantine et de Dellys, demeure encore sous exploitée. Hormis les villes d’Alger et de Constantine, les plus représentées dans la philatélie algérienne, pour lesquelles nous avons consacré deux chroniques à part, 27 villes ont trouvé une place dans le catalogue d’Algérie Poste, dans un pays qui regorge de beaux sites et de belles villes qui méritent d’être valorisés.
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Une femme de terrain et de convictions
Engagée, déterminée, femme de caractère et de convictions. Meriem Derkaoui, mère de deux enfants, est, à 60 ans, la première femme maire d’Aubervilliers et la troisième femme maire d'une ville française de plus de 75 000 habitants après Anne Hidalgo, maire de Paris, et Nicole Goueta, maire de Colombes.
Meriem Derkaoui est également le deuxième maire élu d'origine algérienne dans le département de la Seine-St-Denis, après Azzedine Taïbi, maire de Stains. Les atouts de la nouvelle maire d'Aubervilliers sont, entre autres, une solide expérience de terrain qui a commencé en Algérie, et de gestion municipale. Mériem Derkaoui se veut être «une maire simple, attentive, à l'écoute des habitants». Développement économique, aménagement, urbanisme, logements au service de la population sont ses priorités et celles de son équipe, avec pour ligne de conduite l’association et la sollicitation de l’avis des habitants pour des décisions à venir concernant la vie municipale.
La participation des habitants à la vie municipale est ancrée dans l'histoire de la ville. La municipalité crée, le 28 avril 1997, les comités consultatifs de quartier, avec comme objectif d'instaurer un lien de proximité entre élus, services municipaux et habitants et d’améliorer l’action municipale par un travail décloisonné et collectif des élus et des services municipaux sur les quartiers.
En Algérie, Meriem Derkaoui a été membre du Parti de l'avant-garde socialiste (PAGS). Elle a fait partie du mouvement des étudiants volontaires pour la Révolution agraire, et début 90' des militantes féministes qui ont créé le Rassemblement des femmes démocrates (RAFD) aux côtés de Zazi Sadou, Meriem Doukali, Malika Zouba, Michèle Idir, Lila Benaï et d'autres femmes, encore, mobilisées pour une Algérie démocratique et de progrès.
Dans la vie active, Mériem Derkaoui a été responsable du département Relations internationales à la direction de la sécurité sociale à Saïda, jusqu'à son installation en France en octobre 1990 . Elle reprend, alors, ses études à l 'université de Paris-Descartes où elle obtient un DEA de droit international et du développement. Elle s'installe à Aubervilliers avec sa famille en 1999. Un an plus tard, elle adhère au PCF où elle siège au comité exécutif national. En 2001, elle est élue PCF au conseil municipal d'Aubervilliers.
Depuis les municipales de 2014, elle est première adjointe en charge de l'enseignement, des activités périscolaires, de la médecine scolaire, de la restauration scolaire et de la jeunesse. Meriem Derkaoui est également vice-présidente du Conseil départemental et conseillère territoriale à Plaine Commune.
«A l’heure où la région est gérée par la droite, où le gouvernement mène une politique de restrictions budgétaires, et depuis plusieurs semaines met en débat des projets sécuritaires et liberticides contraires aux valeurs de la République, le choix de Meriem Derkaoui, qui sera la première femme maire de notre ville, constitue un symbole puissant de cette France forte de sa diversité, de ses talents et de son histoire», souligne le parti communiste auquel appartient Meriem Derkaoui.
La majorité municipale, outre des élus communistes, compte également des personnalités d’ouverture d'origine maghrébine, du Front de gauche et des Verts. Depuis 1945, Aubervilliers n'a connu que des maires communistes, hormis sous le mandat de Jacques Salvator (PS) entre 2008 et 2014.
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Les Algériens, première nationalité étrangère
La commune d'Aubervilliers est située au nord-est de Paris, dans le département de la Seine-St-Denis. Ses habitants sont appelés les Albertivillariens.
La ville - quatrième du département de la Seine-St-Denis - fait partie de la communauté d'agglomération Plaine-Commune. Au 1er janvier 2016, l’Insee comptabilise 78 129 habitants sur la commune d’Aubervilliers. La municipalité fait valoir, pour sa part, le chiffre de 82 500, se fondant sur l’expertise du Répertoire d’immeubles localisés (RIL) réalisée par l’Observatoire de la vie locale au cours de l’été 2015.
Alors que la population d’Aubervilliers augmente, le montant des dotations de l’Etat, calculé sur la base du nombre d’habitants, continue de baisser de manière drastique, indique la municipalité. En 2008, Aubervilliers compte 29 951 immigrés (soit 40,2% de la population de la commune, proportion la plus élevée du département), dont 10 976 du Maghreb, 6140 du reste de l'Afrique.
Selon la démographe Michèle Tribalat, en 2005, environ trois quarts des jeunes de moins de 18 ans de la commune seraient étrangers ou français d’origine étrangère, essentiellement du Maghreb et d'Afrique subsaharienne. Les Algériens sont la nationalité étrangère la plus représentée à Aubervilliers. La deuxième nationalité est celle des Chinois qui sont trois fois plus nombreux qu'en 1999. Aubervilliers est jumelée avec Bouzeguène et, parmi d'autres villes, Beit Jala en Cisjordanie depuis 1997.
Au plan économique, Aubervilliers dispose d’un tissu dense de PME-PMI, ainsi que des laboratoires de recherche, comme Rhodia ou Saint-Gobain, et de grands établissements publics tels que France-Télecom, la Documentation française, un important dépôt d'autobus de la RATP. Toutefois, Aubervilliers détient un taux de chômage culminant à près de 24%. C'est aussi une des villes à la population la plus pauvre de la région Ile-de-France avec un revenu annuel moyen de 13 000 euros par an.
La culture à Aubervilliers est vivante à travers un tissu associatif très riche et de festivals (Banlieues bleues, Villes des Musiques du monde, Festival pour éveiller les regards). Le théâtre de la Commune, un des premiers centres dramatiques français établis en banlieue depuis plus de trente ans, est reconnu internationalement ainsi que le fameux théâtre équestre Zingaro, avec à sa tête Bartabas.
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Entre le rêve, la plume et les balles
Rendez-vous avec le roman» est le nouvel espace littéraire ouvert à Alger. Il est animé, chaque samedi, par le romancier Samir Kacimi au palais de la Culture Moufdi Zakaria à Alger. Samir Kacimi est connu par des romans Yaoum r’ai lil mawt (Belle journée pour mourir), Fi ichki imraatin akir (De l’amour d’une femme stérile) et El Halem (Le rêveur). Samedi 6 février 2016, le premier débat s’est concentré autour du «roman algérien et le terrorisme» et de «la littérature de l’urgence».
Le débat a été animé par le romancier Amine Zaoui, l’universitaire et auteur Mohamed Sari, et les journalistes et écrivains Hamid Abdelkader et H’mida Layachi. «En 1998, l’Union des écrivains algériens a voulu organiser une rencontre sur la littérature et le terrorisme. Il lui a été demandé de remplacer le terme ''terrorisme'' par ''violence''. Et, certains invités ont refusé d'y participer. Aujourd’hui, nous réhabilitons ce sujet et nous analysons la manière avec laquelle le roman algérien a traité de ce phénomène.
S’est-il réellement attardé sur la raison principale du terrorisme qui est l’extrémisme religieux ? Les romans parus dans les années 1990 relèvent-ils de ce qui est appelé ''la littérature de l’urgence'' ? S’agissait-il d’une littérature de qualité ou d'une littérature du moment ?» s’est interrogé Samir Kacimi, connu pour être un véritable agitateur d’idées.
La littérature de l’urgence est, selon Mohamed Sari, un module enseigné à l’université d’Alger. Il a cité quelques romans qui peuvent être classés dans cette catégorie : Peur et mensonges de Aïssa Kheladi (écrit sous le pseudonyme de Amine Touati), Le sermon des barbares de Boualem Sansal, Matahat (Labyrinthe) de H’Mida Layachi… «Certains pensent que ce genre de littérature est de moindre qualité. Ce n'est qu’une hypothèse.
C’est un sujet qui mérite débat», a-t-il noté. H’mida Layachi a rappelé que son roman Matahat a été écrit au milieu d'une situation politique et sécuritaire inédite pour l’Algérie dans les années 1990 : montée d’un courant islamiste radical, action armée, guerre à huis clos, tribunaux militaires… «Une situation marquée également par l’assassinat d’intellectuels. Les salafistes radicaux algériens et étrangers revendiquaient leurs actions. Au même moment, des assassinats ont eu lieu dans des conditions troubles. D’où la question de ''Qui tue qui ?''. La guerre a pris plusieurs formes. Comment les écrivains et les créateurs devaient-ils réagir à cette situation ? A l’époque, les véritables producteurs d’idées étaient les journalistes à travers les couvertures et les prises de position.
Toutes les autres formes d’écriture étaient absentes», a constaté H’mida Layachi qui, à l’époque, était partagé entre le roman et l’écriture pour le théâtre (la pièce Habil oua Habil, notamment). Selon lui, Matahat n’était pas un roman réaliste sur le terrorisme ou un texte de dénonciation. «J’habitais à Boufarik qui était un des fiefs du terrorisme. J’étais réellement ciblé, mais je voulais faire mon métier de journaliste en allant interviewer Madani Mezrag au maquis à la fin de 1994 sans aucune garantie. Ali Benali, un confrère, a été tué après avoir fait le même travail. J’évoque son cas dans Matahat.
En écrivant, je voulais me débarrasser de ma peur. cela ne m’intéressait pas de décrire le terrorisme», a-t-il confié. Une autre question s’était posée à H’mida Layachi : comment fructifier l’instant de la crise et de la blessure ? «Il fallait dépasser le moment, car le terrorisme paralyse les forces. Donc, je me suis intéressé à l’esthétique de la blessure et de la mort dans la forme d’écriture de Matahat, un roman partagé entre le polar métaphysique et le travail documentaire en reprenant des extraits de journaux», a souligné l’écrivain. Dans son roman, H’mida Layachi s’est inspiré de la méthode de l’auteur américain John Dos Passos, celle dite du pessimisme social et de l’écriture imagée.
Dos Passos a publié plusieurs romans qui, à chaque fois, ont suscité le débat et la controverse comme Les rues de la nuit, Bilan d’une nation et Milieu de siècle. Sur le plan du style, H’Mida Layachi a convoqué la langue post-moderne et la langue patrimoniale pour alimenter son récit. «En fait, je voulais piocher dans les couches mortes de la mémoire. J’ai fait un parallèle entre le vécu de l’instant (1990) et l’époque fatimide pour suggérer que la violence était ancrée dans nos traditions contrairement à ce qui était soutenu par le discours officiel de l'époque», a-t-il relevé. La guerre entre Fatimides et Rostémides avait fait beaucoup de victimes au Xe siècle.
«Romans de faux barrages»
Mohamed Sari a, pour sa part, rappelé le comportement de Mohamed Ibn Toumart qui, au XIe siècle, avait imposé des interdits religieux, fermé les lieux de fêtes et de jouissance, proscrit les chants... «Ibn Toumart s’était comporté comme les radicaux de l’ex-FIS», a-t-il souligné. Citant Nedjma de Kateb Yacine, H’mida Layachi a tenté de démanteler la théorie qui attribue le caractère de «mauvaise» ou de «faible» à la littérature écrite dans l’urgence ou dans le feu de l’action. Il a également cité le dramaturge anglais Shakespeare qui avait décrit dans ses pièces les mœurs de la royauté de l’époque.
Selon lui, l’esthétique protège l’écrit littéraire de toute attaque. Amine Zaoui a qualifié les livres algériens sur l'époque du terrorisme de «romans de faux barrages». «A l'époque, beaucoup de journalistes, de retraités, de ceux qui n'avaient aucun rapport avec la littérature s'étaient mis à écrire des romans. C'était négatif et positif à la fois. Positif parce que nous avions besoin de témoignages. Malgré leur faiblesse esthétique, ces textes avaient donné une image proche de la réalité des violences que connaissait le pays», a-t-il expliqué.
Il a regretté l'inexistence d'études sur les origines historiques de la violence liée à la religion musulmane. «Les conflits naissaient lorsque la religion se transformait en politique, en moyen de lutte pour le pouvoir. La faible culture des Algériens par rapport à l'islam explique leur étonnement lors de l'émergence du terrorisme. La culture du sang existe dans l'Histoire de l'islam. Et, je vous invite à relire Abderrahmane Mounif pour comprendre cette violence», a-t-il dit.
H'mida Layachi a estimé qu'il faut décortiquer et analyser l'histoire musulmane pour comprendre ce qui se passe aujourd'hui. «A chaque période de crise, les non-dits reviennent. On ne doit pas tourner la page mais essayer de bien comprendre comment la violence était née. Les groupes radicaux agissaient à partir de textes écrits», a-t-il fait remarquer. Citant Si diable veut de Mohamed Dib et Timimoun et La vie à l'endroit de Rachid Boudjedra, Amine Zaoui a relevé que certains romanciers avaient comparé les violences du terrorisme à celle du colonialisme français en Algérie. Il a qualifié l'approche de négative et de nocive pour le roman lui-même.
D'après lui, la génération d'après Rachid Boudjedra et Mohamed Dib a, dans ses romans, fait un rapport entre la violence religieuse et le pouvoir politique. «Je cite l'exemple de La malédiction de Rachid Mimouni qui est son plus mauvais roman. Boualem Sansal a, lui, fait un lien entre la violence religieuse et le nazisme. Ce parallèle a valu à Sansal son audience actuelle», a-t-il noté. Il a relevé que la plupart des romans qui ont traité de la thématique du phénomène terroriste racontaient l'histoire d'un intellectuel. «Et cet intellectuel reflète, en fait, l'expérience personnelle de l'écrivain. Il y a un certain narcissisme puisque l'intellectuel est présenté comme le héros qui va sauver la société de la violence.
Dans ce genre de roman, l'image des petites gens est absente. Le massacre des habitants d'une village entier, par exemple, n’apparaît que comme des clichés. Par contre, le Moi domine», a-t-il souligné.La thématique du terrorisme est présente dans plusieurs romans de Amine Zaoui parus en arabe et en français comme La soumission. «Dans ce roman, publié en 1998, j'ai creusé dans l'Histoire arabo-musulmane pour comprendre l'origine du terrorisme. Je me suis concentré sur la haine de la femme par les courants islamistes radicaux.
Il y a aussi la haine de l'autre et la haine du travail. Sans oublier la haine du juif», a-t-il noté. Dans Le dernier juif de Tamentit, Amine Zaoui a replongé dans l'histoire médiévale du Touat-Gourara. «J'évoque la liquidition des juifs de la région par Abderkrim Al Maghili au XIIe siècle. Les racines d'Al Qaîda au Maghreb remontent aux anciens temps», a-t-il appuyé. Dans Yashou al harir (La soie se réveille), Amine Zaoui critique l'absence de la culture du beau et évoque le complexe par rapport au corps «qui mène à la violence». «Les courants violents refusent de voir le corps comme une forme de vie», a-t-il dit.
Idées de liberté
Hamid Abdelkader se revendique de la génération post-octobre 1988. «Une génération entrée en activité culturelle portée par la modernité et le rêve exprimée lors de l’automne 1988. Les espoirs étaient grands et nous nous préparions à une nouvelle société, une société ouverte, surtout avec l’effondrement des dogmes et de l’unicité de pensée», s’est-il souvenu évoquant les grands débats de l’époque. «Mais des voix hostiles à la démocratie s’étaient élevées pour mettre fin à ce courant moderniste.
Des voix qui se revendiquaient d’une certaine légitimité religieuse. Ma génération avait senti le danger d'un projet intégriste et avait compris qu’il fallait défendre les idées de liberté», a-t-il dit. Selon lui, les journalistes avaient été amenés à publier des écrits engagés pour résister au radicalisme. En 1998, Hamid Abdelkader publiait son premier roman Al inzilaq (Le glissement, traduit au français par Moussa Acherchour) dans lequel il racontait une journée de la vie d'un poète et journaliste menacé de mort par des extrémistes religieux.
«Une manière d'évoquer l'évolution d'un pays confronté à une violence religieuse née de comportements politiques non démocratiques. J'ai tenté de comprendre la naissance de la violence, à travers l'Histoire, dans les pays arabes et musulmans en évoquant l'épisode des Hachachine, de Hassan As-Sebbah et de la Citadelle de la mort», a souligné Hamid Abdelkader. Ecrire à cette époque de trouble était, pour lui, un acte de résistance à l'intégrisme.
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«La diversité des origines est plus un atout qu'un obstacle»
Meriem Derkaoui, née à Saïda, a été élue, jeudi 21 janvier 2016, maire d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), à l’issue d’un vote qui l’a plébiscitée – 41 voix sur 49 du conseil municipal – pour succéder à Pascal Beaudet, contraint à renoncer à la poursuite de son deuxième mandat pour des raisons de santé.
- Que ressent la maire que vous êtes depuis le 21 janvier 2016 ?
Je ressens un sentiment d'une immense responsabilité, un sens aigu du devoir. Vais-je réussir ? Aubervilliers est une ville à forte dominante immigrée ou d'ascendance immigrée, avec un taux de chômage élevé.
- N'est-ce pas source de difficultés et de problèmes à résoudre ?
Aubervilliers a beaucoup d'atouts, un potentiel économique et culturel important, une tradition de participation des habitants à la vie locale, un tissu associatif conséquent. La ville compte beaucoup de talents dans le sport, la culture, beaucoup de jeunes d'origine algérienne, marocaine, tunisienne, portugaise,... Une mixité sociale et culturelle.
La diversité des origines est plus un atout qu'un obstacle. Les habitants d'Aubervilliers ont appris à intervenir dans la vie de la cité, ils ont des exigences même quand ils ne sont pas dans des partis politiques. C'est une ville qui accueille beaucoup d'étrangers, une centaine de nationalités y cohabitent. Les Albertivillariens d'origine algérienne sont la première nationalité représentée.
Beaucoup sont nés à Aubervilliers. Ceux qu'on appelle avec affection et respect «chibanis» sont également très nombreux, ils ont leurs habitudes, leur vie à Aubervilliers tout en retournant régulièrement et fréquemment en Algérie. Comme eux, leurs enfants restent attentifs et attachés à l'Algérie. Il n'y a qu'à suivre les discussions animées dans les cafés largement tenus par des ressortissants algériens, comme les restaurants.
Ils lisent la presse algérienne. Ils vibrent avec l'équipe nationale de football. Si vous jetez un œil au Café Hôtel de Ville, vous verrez, collée au mur, une photo où figurent les deux gérants encadrant Zinedine Zidane quand il est venu en visite à Aubervilliers, où son père a résidé en venant de Kabylie. Ce jour-là, la ville était en délire, une véritable fête !
- Comment vous-même vivez vos origines algériennes ?
Avec fierté pour mes origines, mon identité algériennes. C'est une fierté que je partage avec de nombreux Albertivillariens.
- Comment ont réagi ces derniers à votre élection ?
Très positivement. Mon élection, ils la vivent comme une preuve qu'on peut réussir quand on est d'origine étrangère, comme un encouragement à s'affirmer. Quant aux partis et personnalités politiques, ils sont nombreux à éprouver une certaine réticence à présenter un Français d'origine extra-européenne comme tête de liste à une fonction élective, pensant que ce serait un repoussoir. Mon élection est une gifle au Front National et à ses idées dans une ville où il représente 15% de l'électorat. Combattre les idées extrêmes est un enjeu.
- Vous faites du «vivre ensemble», dans la diversité des origines, des cultures, une priorité ?
Bien évidemment ! Ce «vivre ensemble» qui se fonde sur l'adhésion aux valeurs républicaines, de progrès, d'ouverture, relève d'une volonté politique de la part des responsables locaux, mais il requiert aussi un effort collectif et l'adhésion et la participation de l'ensemble des habitants pour éviter les clivages, l'intolérance et l'individualisme et pour un mieux-être général. Pour ce faire, il y a plusieurs voies parmi lesquelles l'amélioration et le renforcement des services publics, de l'éducation, de l'accès à la culture et aux loisirs, au logement. Si on arrive à donner une offre éducative, culturelle, de l'emploi, on peut réussir.
Et c'est l'objectif que je me suis assignée avec l'équipe municipale, soit de rassembler tous les habitants, de poursuivre un développement harmonieux et équilibré pour notre ville, le tout dans la justice sociale, l'égalité, le respect et la dignité de toutes et tous. Les jeunes se sentent concernés, il y a de la solidarité, il faut qu'elle s'exprime à travers une offre publique. Il faut qu'on réussisse, qu'on donne l'exemple. A Aubervilliers, un élu est chargé des droits des étrangers, de la lutte contre les exclusions.
- Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous vous heurtez dans la gestion de la ville ?
La principale difficulté pour une municipalité telle que la nôtre, c'est que l'effort de solidarité envers les habitants les plus vulnérables ne soit pas accompagné par l'Etat, en laissant les communes se débrouiller seules. Plus de 4 millions d’euros en deux ans, sans doute 7 millions d’ici à 2017 ont été supprimés.
L’Etat ne peut pas ignorer notre situation que ces coupes aggraveront. Dans notre ville, une majorité de la population a des revenus modestes. Plus de 60% des habitants ne sont pas en mesure de payer l’impôt local, l’Etat devrait compenser cette inégalité. Nous avons désormais près de 82 000 habitants, mais près de 4500 d’entre eux ne sont pas intégrés dans le calcul de la dotation. Leurs enfants sont scolarisés, ils ont besoin de certaines prestations.
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Une histoire mouvementée
La philatélie algérienne a toujours tenté de coller, tant bien que mal, à l’actualité. Surtout lorsqu’il s’agit d’événements officiels, pompeusement parrainés et bénis par les personnalités au pouvoir. C’est le cas de la première Constitution de l’Algérie, surnommée par ironie «Constitution de Ben Bella» et dont l’histoire demeure inédite. Le 31 juillet 1963, Ahmed Ben Bella, premier président de l’Algérie indépendante, réunit 300 délégués du FLN au cinéma Majestic, à Alger (actuel Atlas) pour leur proposer le texte de la nouvelle Constitution.
Bien qu’elle soit approuvée, puis adoptée par référendum le 8 septembre 1963, la nouvelle Constitution, mal accueillie avant même sa naissance, a provoqué de vives réactions de la classe politique. D’abord, il y eut la démission de Ferhat Abbas de la présidence de l’Assemblée constituante, mais aussi la forte opposition des personnalités historiques, à l’instar de Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed et Krim Belkacem, suite à l’instauration du FLN comme parti unique.
Cela n’empêchera pas cet événement d’être célébré pour la première fois dans l’histoire de la philatélie algérienne, sur un timbre-poste d’une valeur faciale de 0,25 DA, émis le 13 octobre 1963, dessiné par le célèbre Ali Ali-Khodja, et tiré à 500 000 exemplaires par l’imprimerie des PTT de Paris. Mais la «malheureuse» Constitution ne survivra pas plus de 21 mois. Elle sera suspendue et «enterrée» après le coup d’Etat du 19 juin 1965, comme ce fut le cas pour Ben Bella aussi. Malgré cela, le timbre était encore en circulation dans les bureaux de poste et ne sera retiré «officiellement» que le 19/11/1966, soit plus d’une année après.
Sans Constitution, l’Algérie sera gouvernée par 26 membres d’un conseil de la Révolution, dirigé par le défunt colonel Houari Boumediène. Après 11 ans de règne «absolu», Boumediène décidera enfin de «revenir à la légitimité constitutionnelle», en proposant une deuxième Constitution adoptée par référendum le 18 novembre 1976. Un événement illustré sur un timbre-poste dessiné par Mohamed Temmam, émis le 19 novembre 1976, soit un mois avant l’investiture de Boumediène comme président de la République.
La «Constitution de Boumediène», qui aura cependant la vie dure (12 ans), ne résistera pas aux «fortes secousses telluriques» des événements d’Octobre 1988. Devant la grogne populaire, le défunt Chadli Bendjedid finira par décider de réformes politiques. La troisième Constitution de l’Algérie naîtra dans la douleur. Elle sera adoptée par référendum le 23 février 1989. Comme un enfant mal-aimé, on a oublié de la célébrer sur timbre-poste. Une première depuis 1962. Ce ne sera que le 23/2/1991 qu’on s’est rappelé de son existence pour lui consacrer un timbre à l’occasion de son second anniversaire, ce qui est déjà très curieux. La figurine, dessinée par Kamreddine Krim, a été émise le 23/2/1991.
Un timbre vraiment moche à mettre aux oubliettes. Mais il est dit que le mauvais sort semble s’acharner sur les Constitutions algériennes. Moins de trois ans après son adoption, la «Constitution de Chadli», qui devait apporter un souffle de démocratie en Algérie, sera suspendue par les militaires, après le coup de force des Janviéristes et «la destitution ou la démission», l’histoire le confirmera un jour, de Chadli le 11 janvier 1992. Quatre ans après, Liamine Zeroual, élu président le 16/11/1995, soumettra aux Algériens la quatrième Constitution de leur histoire.
Elle sera adoptée par référendum le 28/11/1996. L’événement, passé presque dans l’anonymat, sera illustré sur timbre-poste dans une série de cinq timbres se tenant, émise le 30/12/1997 dessinée par Kamreddine Krim, pour célébrer «le parachèvement de l’édifice institutionnel». L’histoire des Constitutions en Algérie ne s’arrêtera pas là. Après avoir modifié la «Constitution de Zeroual» en 2002, puis en 2008 pour s’assurer plus de deux mandats, Abdelaziz Bouteflika a décidé lui aussi de faire adopter sa «Constitution» adoptée dimanche dernier. Histoire de marquer son nom dans le long et douloureux feuilleton des Constitutions en Algérie.
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La justice française confirme sa compétence pour juger l'américain Facebook
La justice française a confirmé hier qu'elle s'estimait habilitée à juger le réseau social facebook dans un conflit l'opposant à un internaute alors que le géant du Net prétendait n'avoir de compte à rendre qu'à la justice américaine.
La cour d'appel de Paris a confirmé l'ordonnance du Tribunal de grande instance de Paris du 5 mars 2015 qui avait jugé «abusive» la clause exclusive de compétence, obligatoirement signée par tous les utilisateurs de facebook. Cette clause désigne un tribunal de l'Etat de Californie, où siège l'entreprise, comme étant le seul habilité à trancher les litiges. A l'origine du litige, l'action en justice engagée en 2011 par un instituteur qui reproche à facebook d'avoir censuré son compte sur lequel il avait posté une photo du tableau de Gustave Courbet «L'Origine du monde» représentant un sexe féminin.
«Cette décision est un acte de souveraineté de la part des juridictions françaises qui par cet arrêt signifient à facebook, mais également à tous les géants du Net, que dorénavant ils devront respecter la loi française et répondre de leurs éventuelles fautes devant les juridictions de ce pays», s'est félicité auprès de l'AFP maître Stéphane Cottineau, avocat de l'internaute. «Cet arrêt va faire jurisprudence et obliger facebook et toutes les autres sociétés du e-commerce étrangères qui disposent de ce type de clause à modifier leur contrat», a-t-il ajouté. L'avocat s'est aussi dit «satisfait» que la justice française puisse maintenant se pencher sur le fond du dossier, «la confusion faite par facebook entre œuvre d'art et pornographie et la question de la liberté d'expression sur les réseaux sociaux».
A l'audience, l'avocate de facebook avait demandé à la cour de constater l'incompétence de la juridiction française. Elle avait fait valoir que l'internaute avait signé les conditions générales d'utilisation qui prévoient la compétence exclusive d'un tribunal californien et estimé que l'usager ne pouvait être considéré comme un consommateur, l'adhésion au site étant gratuite. Elle avait en outre assuré que l'enseignant «photographe free-lance» aurait fait un usage professionnel du site, ce qui l'aurait privé du bénéfice du code de la consommation qui prévoit la saisine d'un tribunal du ressort du consommateur.
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Compétences algériennes installées à l’étranger : La marginalisation à l’origine des départs
L’ouvrage intitulé De la fuite des cerveaux à la mobilité des compétences - Une vision du Maghreb, publié cette semaine par le Centre de recherche en études appliquées pour le développement (Cread) en collaboration avec le bureau de l’Organisation internationale du travail (OIT) à Alger sous la houlette du sociologue et chercheur Mohamed Saïb Musette, offre une analyse intéressante sur un phénomène qui vide le pays de sa substance et incite à s’interroger sur la place des élites dans la société algérienne.
Les médecins spécialistes voient leur avenir ailleurs
Beaucoup de médecins, formés en Algérie, voient leur avenir sous d’autres cieux. C’est, en tout cas, l’un des enseignements de l’étude De la fuite des cerveaux à la mobilité des compétences... publiée cette semaine par le Centre de recherche en études appliquées pour le développement (Cread). Il y aurait, à en croire le Dr Zehnati, statisticien, près de 10% de médecins formés en Algérie à exercer dans les hôpitaux français. Au-delà du simple constat, il est à s’interroger sur les raisons qui poussent les blouses blanches à accepter un déclassement et un niveau de vie inférieur.
Les motivations des médecins qui choisissent de s’exiler demeurent une énigme pour les chercheurs du Cread. Elles ne sont probablement pas salariales vu que les docteurs en médecine sont mieux lotis en cette matière que d’autres secteurs. Affirmer que les médecins algériens sont bien payés serait bien sûr aller vite en besogne, mais les salaires qu’ils perçoivent sont plus importants que ceux des autres cadres du secteur public. «Si nous comparons le salaire moyen avec les salaires perçus par les médecins du secteur public, il est clair qu’ils gagnent plus que le salaire moyen d’un cadre en Algérie.
Le médecin généraliste perçoit 32% de plus que le salaire moyen, le maître assistant 54% de plus, le médecin spécialiste de santé publique perçoit 88% de plus, et le professeur chef d’unité est rémunéré presque quatre fois plus qu’un cadre dans les autres secteurs de l’économie», souligne le Dr Zehnati. La raison est donc à chercher probablement, susurrent des chercheurs au Cread, dans le type de gouvernance qui domine dans le système médical. Cela s’apparenterait à un «mouvement socio-politique». «L’individu se sent mort dans la communauté», explique un sociologue qui insiste néanmoins sur une étude psychologique du phénomène.
Ce sont les psychiatres algériens qui sont les premiers à répondre aux sirènes de l’occident, représentant un taux de 30% installés en France, suivis par les radiologues (15,55%), les ophtalmologues (13,10%) et les anesthésistes en réanimation (12,96%). Quant à la chirurgie générale et la gynéco-obstétrie, elles affichent les plus faibles taux de fuite avec respectivement 3,45% et 3,18%. Les docteurs en médecine représentent 22,46% de l’ensemble des effectifs des diplômés les plus élevés exerçant en France. Ils se situent presque au même niveau que les ingénieurs avec 23,73% de l’ensemble.
37% des compétences algériennes en France touchent plus de 2500 Euros
Les Algériens qualifiés osent désormais l’aventure professionnelle sous d’autres cieux. Mohamed Saïb Musette, qui a analysé les différentes statistiques, fait remarquer dans une étude consacrée à la fuite des cerveaux que les hommes et les femmes ayant un niveau d’études supérieur et qui choisissent de s’établir à l’étranger sont désormais – presque – à parts égales. «On constate, explique-t-il, qu’il y a 24,8% des femmes et 27% des hommes avec un niveau d’études supérieur. Peu de différences existent entre les femmes et les hommes, avec une forte féminisation chez les jeunes. Ils sont en majorité en pleine maturité (classe d’âge 25-45 ans)».
Au vu des chiffres, il apparaît que les compétences algériennes installées à l’étranger s’en sortent plutôt bien. Plus de la moitié des immigrés algériens qualifiés avaient un contrat de travail à durée indéterminée, 11% exerçaient des professions libérales, et 9,2% étaient au chômage. Pas moins de 34% d’Algériens installés en France sont des cadres ou exercent des professions intellectuelles, contre 14% qui sont des «employés».
Le niveau des rémunérations des compétences originaires d’Algérie varie entre moins de 500 euros à 8000 euros et plus. Le regroupement des niveaux, en trois classes plus ou moins homogènes, donne 35% des personnes qui perçoivent moins de 1500 euros, 25% entre 1500 et 2500 euros, et puis 37% avec plus de 2500 euros. La rémunération comprend, précisent les auteurs, une catégorie de personnes sous-payées, mais elle dépend aussi du volume horaire de travail, donc de la nature du contrat de travail. Une part importante des médecins a obtenu son diplôme en Algérie. On observe aussi une progression d'Algériens détenteurs de 3e cycle.
Ils sont pour la plupart en activité. Ils connaissent certes le chômage, mais nettement moins que ceux qui n’ont pas de formation universitaire. Ils occupent pour la plupart des postes d’emploi dans des professions libérales et intellectuelles. En tout et pour tout, il y a un niveau assez faible de «brain waste» – soit à travers des emplois n’exigeant pas de niveau supérieur ou alors ils sont sous-employés avec une faible rémunération. «Ce phénomène peut donner lieu à des ''gains'' pour l’Algérie d’une autre manière à partir de la migration de retour, réelle ou virtuelle», estime Saïb Musette, optimiste.
«Certaines compétences se sentent inutiles en Algérie»
La course à l’obtention d’un bac français ou d’un diplôme d’équivalence (notamment en médecine) le prouve : les compétences nationales cherchent souvent de belles opportunités de travail hors des frontières de leur pays natal. La liste des «causes endogènes» suscitant une envie d’ailleurs chez les intellectuels algériens égrenée par Mohamed Saïb Musette est longue : la recherche de meilleures opportunités de travail, l’attrait des diplômes des universités de renommée ou des grandes écoles étrangères, les avantages matériels et financiers offerts aux cadres et universitaires algériens, la prospection d’un meilleur environnement professionnel et d’un cadre de vie qualitatif, les lourdeurs administratives, les blocages bureaucratiques, les difficultés socio-économiques et les limites d’épanouissement culturel motivent le départ de cadres et d’universitaires, les faibles débouchés pour les diplômés, en particulier universitaires, le souci d’assurer un meilleur avenir à ses enfants.
La cause du départ dépasse, selon lui, le cadre individuel et se détermine pour des considérations familiales et sociales. En effet, souligne le sociologue, des adultes, des jeunes, issus principalement de familles aisées, quittent le pays dès l’obtention du bac «français». «Ce phénomène, dit-il, s’est amplifié avec l’avènement des écoles privées et l’ouverture des lycées français en Algérie qui préparent à ce bac. Des instituts et des écoles supérieures privées sont ouverts principalement à Alger, affiliés à des établissements similaires étrangers. Les enfants d’expatriés algériens ne rejoignent pas le pays après la fin de leur cursus universitaire ou à la sortie d’une grande école.»
Le fait est que le référent de la réussite sociale et professionnelle en dehors de l’accomplissement universitaire et scientifique a été flouée dans ses références et ses valeurs. «Un segment de compétences (intellectuelle et professionnelle), décrypte Musette, se considèrent comme marginalisées et inutiles. Le savoir et les diplômes ne seraient pas des critères objectifs et incontournables de l’ascension sociale et professionnelle, l’affairisme et le favoritisme seraient devenus les moyens reconnus et privilégiés. Les compétences vont donc tenter de s’accomplir et de s’épanouir ailleurs, notamment dans certains pays du Nord.»
A cela s’ajoutent des facteurs exogènes, comme les facilitations d’installation dans le pays d’accueil, l’octroi de bourses d’études, l’impact des «success stories» dans les motivations de la recherche des opportunités d’études et de travail à l’étranger ou encore le recrutement à la source, en Algérie, des compétences. Entre les facteurs de répulsion (endogènes) et les facteurs d’attraction (exogènes), il existe une multitude d’obstacles qui sont autant de barrières à franchir. Dans son «Etude sur les étudiants maghrébins en France», (2004), Abdelkader Latreche observait que 27% des étudiants algériens en France n’envisagent pas le retour au pays, la plupart en formation doctorale, dont 46% pensent partir vers d’autres horizons.
Le difficile retour des migrants
Les migrants qui passent le moins de temps dans leur pays d’accueil sont plus amenés à revenir. A en croire l’étude menée par le sociologue et chercheur Mohamed Saïb Musette, près de 37% des migrants maghrébins qualifiés qui sont rentrés au pays n’ont séjourné que 5 années ou moins dans le pays d’accueil, et seulement une minorité (8%) est restée une période de 27 ans ou plus. Il faut dire que pour les binationaux, les difficultés sont grandes. Mohamed Saïb Musette en relate quelques-unes dans l’ouvrage du De la fuite des cerveaux à la mobilité des compétences publié cette semaine. Les migrants de retour sont parfois vus d’un mauvais œil par leurs compatriotes algériens.
Aux compétences envoyées par le gouvernement pour suivre une formation à l’étranger et préférant rester dans le pays de leurs études on reproche leur égoïsme et le manque de leur engagement pour leur pays qui les a formées. «Ayant signé un contrat d’engagement avant leur départ pour l’étranger, ces compétences doivent faire l’objet, selon les partisans de cette attitude de poursuites judiciaires pour rembourser les frais de leur formation payée en devises. Les clivages et les attitudes hostiles des compétences algériennes restées au pays sont étroitement liés aux avantages matériels et les conditions de travail revendiqués par les compétences sollicitées en contrepartie de leur participation.
Le rapport aux compétences établies à l’étranger se transforme, ainsi, en un problème dès qu’il est perçu sous l’angle des privilèges de la réussite», fait remarquer le sociologue. Il cite notamment l’exemple du recrutement du groupe Cevital de deux cadres émigrés. «A la recherche de deux cadres de haut niveau capables d’apporter un savoir-faire nécessaire à la compétitivité du groupe sur le marché national et régional, relate-t-il, les responsables de ce groupe ont fait appel à un cabinet de recrutement anglais qui a jugé que le recrutement des deux cadres d’origine algérienne est plus approprié pour le contexte algérien (…)
L’installation de ces deux cadres a donné lieu dans un premier temps à un mouvement de mécontentement des cadres du groupe qui ont reproché à la direction de suivre une politique de discrimination entre les cadres exerçant les mêmes fonctions. Ce mouvement de mécontentement a vite évolué vers un mouvement de grève qui a fini par obliger la direction du groupe à renoncer au recrutement des deux cadres en question». S’il est vrai qu’il y a eu des échecs, il est à noter qu’il existe aussi de belles réussites des compétences algériennes revenues au bercail.
Innovation : Une richesse inexploitée
L'Algérie dispose d'une richesse inestimable : notre pays compte pas moins de 539 inventeurs…mais ils vivent dans 23 pays différents. Les inventeurs algériens comptent à leur actif pas moins de 3036 inventions contre seulement 300 dans leur pays. «Malheureusement, écrit Mohamed Saïb Musette, l'Algérie ne profite guère de ses inventeurs qui résident pour la majorité d'entre eux aux Etats Unis d’Amérique, en France et au Canada.
L’existence de ce potentiel intervient au moment où les capacités d’invention en Algérie sont très faibles.» Le fait est que le recueil de l’invention publié par la Direction générale de la recherche scientifique et du développement technologique (DGRSDT) révèle l’écart important entre le nombre de brevets déposés par les inventeurs algériens restés au pays et celui des inventeurs établis à l’étranger.
Infographies El Watan
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Leviers économiques ou simple divertissement ?
Le smartphone est devenu un outil pour la transmission et la diffusion de l’information, bouleversant ainsi les pratiques traditionnelles du journalisme et le traitement de l’actualité.
Le téléphone portable est un moyen de communication efficace dans la société. Un état de fait qui s’est traduit par l’évolution du téléphone mobile par rapport à l’ordinateur avec plus de 1,4 milliard de smartphones vendus dans le monde en 2015. Avec 12 millions d’internautes, notre pays a-t-il vraiment réussi sa révolution numérique ?
Il faut dire que les décideurs continuent de réduire internet à des jeux pour passer le temps, alors que sous d’autres cieux il est considéré comme un levier économique et non un divertissement, voire un outil d’influence et de communication. Il est décevant de voir que la présidence de la République et le Premier ministère ne sont pas sur facebook. Même les ministères sont loin de cette dimension et ceux qui y sont relèvent plus de simples expériences que d’une politique nationale. Certains ministres y sont, comme Nouria Benghabrit, ministre de l’Education nationale, Amar Ghoul, ministre de l’Aménagement du territoire, du Tourisme et de l’Artisanat, ainsi qu’Imane Houda Feraoun, ministre de la Poste et des TIC.
Au niveau des institutions, il y a aussi quelques tentatives pour conquérir le virtuel comme la Seaal, la société qui assure la gestion des services de l’eau, la collecte et le traitement des eaux usées sur Alger. Elle informe par le biais de facebook et de Twitter les internautes sur des travaux de raccordement sur ses canalisations de distribution et les coupures d’eau. Dans une moindre mesure, il y a aussi la DGSN qui a une page permettant, selon ses initiateurs, «une meilleure communication entre le citoyen et ce service de sécurité». Créée le 20 novembre 2012, la page facebook d’Algérie Télécom essaye d’informer ses fidèles internautes des actualités de l’entreprise et profiter de toute l’interaction de cet outil. Elle a atteint les 127 324 fans.
Le secret pour augmenter l’engagement sur une page facebook consiste sans aucun doute à créer du contenu à la fois pertinent et ciblé vers les fans.
Cela est certainement très banal, mais c’est aussi et surtout là que de nombreuses entreprises ratent le coche. Il faut toujours garder en tête l’objectif de présence sur ce support (visibilité, image, proximité). D’après certaines estimations, les Algériens passent 26 minutes par jour en moyenne sur facebook, et ses utilisateurs se connecteraient au moins une fois par jour sur leur compte. Les sites les plus visités sont facebook, Google, YouTube, Ouedkniss.com et les médias (Echoroukonline.com, Elkhabar.com et Elwatan.com). YouTube sert surtout à revoir toutes les émissions préférées.
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Bangkok : La cité qui ne dort jamais
Tolérance et modestie sont a priori les qualités dont se prévalent les Bangkokois (ou Bangkokiens), à juste titre d’ailleurs. Ils tiennent cela sans doute d’une culture lointaine qui prône le respect de tout un chacun, sans distinction de race ou de religion.
En effet, ici tous se respectent, surtout concernant la croyance et la religion. Preuve en est la convivialité et l’entente que les bouddhistes partagent avec leurs concitoyens musulmans ou sikhs. Les musulmans thaïlandais le leur rendent bien. Dans tous les marchés et centres commerciaux, ils travaillent côte à côte, sans aucune animosité ni rejet.
Ce que d'ailleurs le visiteur ne manque pas de remarquer chez les habitants de cette immense capitale asiatique, c’est leur attachement à leur travail. Ils sont tout le temps à l’œuvre, ne se permettant un moment de détente et de répit qu’à l’heure du déjeuner. Pas question de se déplacer pour s’alimenter. Comme partout dans les pays d’Asie, il existe des centaines de restaurants de rue qu’on appelle «streetfoods». Les trottoirs sont la propriété des cuisiniers et des cuisinières qui sont à l’œuvre dès l’aube pour préparer des plats. Beaucoup de Thaïlandais s'y restaurent le matin avant de rejoindre leur travail.
Ce qu’ils consomment généralement est un plat appelé Pat thaï ou Tom yam ou encore un Friedrice. Nous avons goûté de ces plats chez Usman dont le restaurant est sis à Sukhumvit 22. Il est musulman et reçoit beaucoup de clients et clientes de sa religion. Il a même ouvert un petit hôtel au dessus de son local. Nous avons cherché à savoir combien d’hôtels compte la ville de Bangkok et quelqu’un du secteur nous a informés que la capitale, à elle seule, en contient 810.
Et des hôtels de haut standing, SVP ! Ce qui est remarquable par-dessus tout c’est l’important essor pris par le secteur touristique dans le pays. Un homme au fait de ce boom spectaculaire nous apprend que durant l’année 2011, la Thaïlande a enregistré la venue de 21,5 millions de touristes ! Bien sûr, en dehors du tourisme ordinaire, il existe un autre tourisme, médical, et celui que tout le monde connaît, un tourisme sexuel. C’est une pratique tout à fait anodine à Bangkok. Des filles de joie hantent le quartier Nana. Elles font le plus vieux métier du monde, loin du regard de leurs concitoyens ou des agents de l’ordre.
Mais c’est le soir que le phénomène prend de l’ampleur. Bangkok connaît un regain d’activité, d’autant que les rues prennent des couleurs et des lumières qui tranchent avec celles du jour. Tout est étincelant, tout brille ! Les commerces fleurissent et connaissent un plus d’animation. Les grands centres commerciaux, comme le Siam Center, le Terminal 21 ou l’Emporium restent ouvert jusqu’à une heure tardive de la nuit. Ce sont des villes à l’intérieur de la ville. On y fait du shopping, on s’y restaure, on y regarde un film, on y prend du bon temps... Au centre Terminal 21, on dénombre une chaîne de six salles de cinéma où les films sont projeté au moyen d’appareils numériques. Un étranger nous apprend que même à Paris, le cinéma n’a pas atteint un tel degré de développement.
Il ne faut pas oublier de souligner que la Thaïlande n’a jamais connu d’occupation de qui que ce soit ! De plus, c’est un pays qui se suffit à lui-même. La Thaïlande a su se garantir l’autosuffisance alimentaire. Et elle se permet d’exporter les excédents de ses productions de riz, par exemple. Signalons que 49% de la population s’occupe des travaux de la terre, ce qui explique le faible taux de chômage qui affecte l’ancien Siam. Elle est le deuxième producteur asiatique après le Vietnam. Cela est dû à la modernisation de l’agriculture.
Grâce à son partenariat avec le Japon, la Thaïlande se fabrique des voitures de marque Toyota et en exporte une partie dans les pays voisins. 97% des voitures qui circulent enThaïlande portent le logo de cette grande firme. Par ailleurs, les Thaïs entretiennent des relations économiques avec les Etats-Unis, la Chine, le Japon, la Malaisie, Singapour, Hong Kong et l’Australie.
Poursuivant son développement urbanistique, Bangkok voit pousser chaque année des dizaines de buildings, immeubles et tours qui viennent remplacer les anciens logements, considérés comme obsolètes et vétustes. En réalité, les anciennes bâtisses cèdent le pas devant des constructions plus modernes, plus hautes et plus rentables. Comme signalé, ce sont les grands hôtels qui viennent en appoint à l’économie du pays : le Millenium Hilton, le Marriot, l’Accor Group, l’Imperial Queen Park… des hôtels qui ne connaissent guère de répit tant le nombre de touristes va grandissant.
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Voyage au cœur des parcs culturels de Jordanie
La direction nationale du projet portant conservation de la biodiversité d’intérêt mondial et utilisation durable des services écosystémiques dans les parcs culturels en Algérie organisera, au profit des cadres chargés de la gestion, à partir de samedi 20 février, un voyage d'étude et de formation en Jordanie.
Cette visite, qui durera jusqu’au 6 mars, s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du programme concocté par le ministère de la Culture et sa nouvelle politique visant la capitalisation des ressources humaines et le renforcement des capacités professionnelles. Selon le directeur national du projet, Salah Amokrane, 12 ingénieurs et gestionnaires relevant des cinq parcs culturels du pays, dont quatre du parc de l'Ahaggar, trois du Tassili n'Ajjer, un de Atlas saharien, un de Touat-Gourara, trois autres de la direction nationale du projet, sont concernés par ce voyage rendu possible grâce au travail de coopération internationale mené par le représentant du bureau algérien chargé du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et son homologue jordanien en collaboration, précise M. Amokrane, avec la Société royale de conservation de la nature (SRCN) du royaume hachémite.
Une opportunité en or pour les heureux participants qui auront l'opportunité de «s'imprégner de l'expérience jordanienne en matière de gestion des aires protégées et des sites classés au patrimoine mondial telle la réserve de Wadi Rum, qui présente beaucoup de similitudes avec le Parc culturel du Tassili n'Ajjer, également inscrit dans la même catégorie au patrimoine mondial», souligne notre interlocuteur en rappelant que cette zone, classée patrimoine mondial mixte depuis 2011, couvre une superficie de 74 200 hectares. L’écosystème de Wadi Rum, indique-t-il, compte de nombreuses plantes rares et endémiques à cette région.
C’est au printemps que les centaines d’espèces de fleurs sauvages renaissent. Environ 120 espèces d’oiseaux ont été dénombrées dans cette région, notamment le vautour fauve, le corbeau à queue courte, l’aigle de Bonelli et la chouette hulotte de Hume. Les enquêtes menées dans cette zone, située au sud de l'escarpement abrupt du plateau jordanien central ont montré la présence du loup gris, du renard de Blandford, du chat des sables et du bouquetin.
Au total, douze sites d'intérêt biologique et archéologique ont été retenus dans le cadre de cette mission, lesquels serviront particulièrement de supports pédagogiques à la compréhension de plusieurs protocoles techniques portant sur les plans de protection, de gestion, de suivi et de mise en œuvre de projets de restauration de la biodiversité à même de lancer les programme de réintroduction d'espèces à l’exemple de ce qui s’était fait dans la réserve faunique de Shaumari où l’on a réussi l’expérience de régénération de plusieurs espèces en voie de disparition, dont l'oryx.
La réserve, qui s’étend sur une superficie de 22 km², est devenue un centre de reproduction des espèces locales éteintes ou en danger. Elle abrite aujourd’hui des animaux, dont certains sont les plus rares du Moyen-Orient. «Ces espèces réaffirment aujourd’hui leur présence, loin de la prédation des chasseurs et des destructions causées par l’avancée de leur habitat. L’oryx peut ainsi vadrouiller librement dans la prairie protégée par une clôture.
Les autruches et les gazelles, quant à elles, se laissent admirer derrière un grillage. La réserve se conforme aux programmes de reproduction à l’instar d’un certain nombre de zoos et parcs sauvages les plus réputés du monde», ajoute le représentant du ministère de la Culture, qui nous a invités à une courte expédition dans la réserve naturelle de Dana, qui couvre la splendide et magnifique montagne de Rummana.
Cette réserve, qui renferme les antiques ruines archéologiques de Feynan, le village de Dana et les falaises en grès de Oued Dana, abrite plus de 700 espèces de plantes, 215 espèces d’oiseaux et 38 de mammifères. Les fouilles archéologiques ont révélé des éléments datant de l’ère paléolithique ainsi que des objets corroborant la présence des Egyptiens, des Nabatéens et des Romains.
Animé par l’ambition de mener à bout son projet, Salah Amokrane s’est mis dans la peau des Jordaniens pour nous présenter l’enchanteresse Mujib. Située dans les profondes gorges d'un oued qui plonge dans la mer Morte, à 410 mètres sous le niveau de la mer, cette réserve naturelle, la plus basse de la planète,compte 420 espèces de plantes, 102 espèces d’oiseaux migrateurs et 10 de carnivores.
On y trouve le bouquetin, les renards roux et de Blandford, la hyène, le chacal, le chat sauvage, le blaireau, la mangouste, le loup et le léopard arabe. Le petit félin caracal et le bouquetin d’Arabie, dont le nombre a considérablement chuté en raison du braconnage effréné et de la chasse abusive engagée dans les zones accessibles, «fait à présent partie d’un programme de reproduction en captivité établi par la SRCN dans la réserve de Mujib, située à 90 km au sud de la capitale, Amman», indique M. Amokrane.
Revenant aux objectifs assignés à cette mission, il a évoqué les approches permettant la maîtrise des processus d'écodéveloppement et des activités génératrices de revenus au profit des populations à faible revenus. Des études et analyses seront ainsi présentées en interprétant les résultats concrets des projets, portant notamment sur l'amélioration de la résilience des populations pauvres du village de Faqou et les activités du projet de développement de moyen et d’infrastructure d’écotourisme dans le sud de la Jordanie.
Cette démarche permettra sans nul doute aux participants de faire face aux difficultés et contraintes affectant l'efficacité de la gestion du réseau des parcs culturels et, par conséquent, de développer des mécanismes en faveur d'une initiative de conservation visant à garantir des avantages environnementaux d’intérêt mondial.
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Objectif : Promouvoir les richesses du patrimoine algérien
La Franco-Algérienne Assia Benberkat est la fondatrice et présidente de l'association Green Humanity France-Algérie. Elle considère que l'Algérie est un véritable trésor. Sa tête grouille de projets et d'idées qui s'articulent sur l'écologie, la culture et la santé. Avec son expérience, cette maman de trois filles deux fois grand-mère, compte apporter son regard neuf, positif, apaisé, sur la promotion de la terre de ses parents et de ses ancêtres, afin de faire bénéficier les générations présentes et futures des fabuleux trésors que recèle l'Algérie, leur pays. C'est parce qu'elle est entourée d'une équipe compétente et dynamique que Assia Benberkat veut engager des actions sérieuses, modestes mais pertinentes, afin de faire la lumière sur les richesses du patrimoine de l'Algérie. Rencontrée fortuitement à Tipasa jeudi dernier, elle a accepté de dévoiler quelques actions de son mouvement à nos lecteurs.
- Nous sommes curieux de l'objet de votre présence ici, en Algérie...
Je suis ici afin de faire connaître les objectifs de notre association, qui s'appelle Green Humanity France-Algérie, qui a été créée à Paris le 29 novembre dernier. Mais je dois vous dire que l'Algérie est mon pays, je venais toute petite avec mes parents pour y passer mes vacances.
Pour une association qui vient d'être créée, vous êtes déjà en Algérie, ne craignez-vous pas les difficultés de l'inexpérience ?
J'avais fait partie de l'association Franco-Algérien républicain rassemblé, qui prônait la laicité et les valeurs de la République française, j'ai donc bénéficié d'une petite expérience. J'avais été une élue à la mairie de Longjumeau (Essonne) sur la liste de Nathalie Kosciusko-Morizet qui est devenue ministre de l'Ecologie. Je m'occupais du sport et des handicapés Mais j'ai commencé à étouffer car ce qui m'anime, c'est la promotion des patrimoines et les grandes richesses que recèle l'Algérie, notamment en termes d'environnement et de culture. J'ai envie de mettre en lumière tout cela à travers mon mouvement, qui est apolitique.
- Vous avez donc une feuille de route ?
Je suis en prospection pour le moment. Je dois rencontrer des personnes pour mettre en route un plan d'action, notamment dans les domaines de l'environnement, de la culture et de la santé. Je dois visiter plusieurs sites abritant des vestiges culturels et des monuments culturels.
Et aussi, bien entendu, des artisans qui gardent encore en vie des métiers d'antan en matière de restauration des sites culturels, de matériels traditonnels. Je compte aller à la rencontre des populations des zones isolées, pour mener des actions de prévention contre les maladies. Bien entendu, autant d'actions qui auront lieu avec l'aide des autorités algériennes.
- Mais qu'allez-vous faire ensuite, une fois que vous aurez récolté tant d'informations sur le patrimoine culturels de l'Algérie ?
Nous allons nous lancer dans la promotion de ce patrimoine culturel auprès de l'Unesco à Paris, nous comptons organiser des conférences en France sur les cités antiques et la culture algérienne dans toute sa diversité, pour informer de tout ce qui se faisait de beau. Je ne dis pas que notre mouvement est venu avec cet objectif de tout changer ! Nous voulons positiver nos actions afin de contribuer à la préservation du patrimoine culturel de l'Algérie. Notre association a de bonnes idées.
Nous, membres de Green Humanity France-Algérie, souhaitons mettre en œuvre nos idées en Algérie. Nous sommes animés de volonté positive. Je vais revenir prochainement, afin de voir encore des choses et identifier les points sur lesquels nous pouvons agir positivement, sur le plan environnemental et sur le plan culturel dans un premier temps. Avant de terminer, je remercie votre journal qui est le premier quotidien algérien à m'avoir donné l'occasion de m'exprimer sur quelques points des objectifs de notre association.
- Juste une dernière question : avez-vous des réseaux pour vous soutenir dans vos actions ?
J'ai lancé un site qui a eu 800 vues le jour de son lancement. J'exploiterai les réseaux sociaux pour attirer le plus de gens intérressés par nos idées.
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«C'est l'école qui ne veut pas de moi»
Le phénomène du «décrochage» scolaire dont sont victimes de nombreux enfants chaque année, a été le thème d’une journée d’étude organisée récemment par le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) à Oran.
Décrochage scolaire et déscolarisation : facteurs déterminants et procédures institutionnelles d’accrochage» a été le thème central de cette journée d’étude. Plusieurs intervenants ont tenté de décortiquer les raisons pour lesquelles l’élève, peu à peu, rejette l’autorité professorale avant de rejeter, pour de bon, le système éducatif.
Il faut comprendre que le décrochage de l’élève ne se fait pas du jour au lendemain, mais s’installe peu à peu, au fil des semaines, voire au fil des années académiques. Dans cette optique, le professeur Aïcha Benamar, chercheure au Crasc, a essayé, lors d’une communication intitulée «Parcours de décrocheurs et images de l’école chez leurs parents», de décortiquer les raisons qui conduisent les élèves à cette déperdition scolaire. Pour cela, elle s’est appuyée sur le parcours de huit jeunes «décrochants», certains vivant à Oran et d’autres à Adrar, tous âgés de moins 16 ans.
Elle a enrichi son enquête en faisant parler les parents de ces élèves sur «l’école en général et son échec en particulier». «Si certains travaux montrent que les variables familiales sont des facteurs de risque, la communauté éducative (acteurs pluriels) au sens qui lui est attribué par la loi d’orientation 08-04 du 23 janvier 2008 (article 19, titre II), est concernée par le maintien à l’école des enfants de 6 à 16ans», précise-t-elle dans sa communication.
L’enquête menée par le Pr Benamar a consisté donc à poser une série de questions aux élèves «décrochants» avant d’en poser d’autres à leurs parents — à noter que sept des parents d’élèves interrogés sont des femmes pour un seul homme. D’abord, pour ce qui est des raisons de l’abandon scolaire, la plupart des élèves interrogés ont répondu que l’abandon a été fait sur décision personnelle, c'est-à-dire qu’ils ont été seuls décisionnaires de l’arrêt de leur cursus scolaire. Quand on leur demande pour quelles raisons ils ont quitté les bancs de l’école, les réponses diffèrent selon qu'ils sont d'Adrar ou d'Oran.
«Je ne veux pas rester à l’école pour rien !»
Esquisse des réponses d’élèves «décrochants» à Oran : certains avancent qu’ils n’avaient «pas envie de rester pour rien», d’autres qu’ils «s’ennuyaient en classe», ou encore qu’ils «ne supportaient ces pacotilles». On peut citer encore «je voulais faire autre chose», «c’était du temps perdu», «je voulais gagner un peu de flouss», «le climat de l’école n’était pas bon (violence)», «c’est l’école qui ne voulait pas de moi», «les enseignants ne faisaient pas attention à moi» ou enfin «les enseignants ne savent pas enseigner».
A Adrar, les réponses divergent quelque peu : «Mes notes n’étaient pas bonnes», «je ne me sentais pas bien», «c’était trop difficile», «je voulais aider ma mère». Car il y a ce point aussi, explique le Pr Benamar : bien souvent à Adrar, certains élèves «décrochent» pour aider leur parents. «Certains vous disent qu’ils doivent travailler ou que leur mère est seule à s’occuper du jardin familial et qu’ils doivent lui venir en aide. Il y avait même une époque (même si ça a changé aujourd’hui), où on mariait une collégienne au sortir du collège». L’autre phénomène qui incite à ce que l’élève décide de quitter l’école est bien le taux d’absentéisme élevé (en moyenne 6 fois par mois).
Là encore, les réponses des élèves, que ce soit ceux d’Oran ou d’Adrar, ne manquent pas d’étonner : «Les cours ne me plaisaient pas», «je n’aimais pas l’enseignant, du coup, je m’absentais à son cours», «j’aidais mes parents», «les profs n’étaient pas justes», «j’étais mieux dehors», «j’étais fatigué de temps en temps», «je ne voulais pas me forcer», «on ne perd rien quand on est absent», «on n’est pas obligé d’y aller tous les jours», «les programmes n’étaient pas intéressants».
Cette dernière réponse ne manque pas de faire sourire car elle indique que de nos jours, c’est à l’élève qu’appartient le rôle d’évaluer le programme scolaire. Mais il faut préciser, dit encore le Pr Benamar, que cette situation incombe également au fait qu’il n’y a pas d’évaluation préalable : «Parfois c’est l’enseignant lui-même qui ne maîtrise pas la discipline. On prend le tout-venant ! Ainsi, certains enseignants diplômés en arabe, enseignent les mathématiques ou le français...» Qu’y a-t-il lieu de faire ? «Au niveau du ministère, on a élaboré une stratégie, cependant cette stratégie couvrira-t-elle tout le territoire national», se demande encore le Pr Benamar.
Pour ce qui est des antécédents scolaires de ces huit élèves ayant décroché, les entretiens avec eux ont démontré que les difficultés en classe se situaient surtout en français et en mathématiques puis, dans une moindre mesure, en anglais et en sciences naturelles.
Pour ce qui est de l’interrogation des parents de ces décrochants, ce qui en ressort est qu'ils imputent l’échec scolaire de leurs enfants, en premier lieu, à l’école et à l’Etat.
Ils avancent que leurs enfants ne se plaignaient jamais de ce qu’ils vivaient à l’école et que d’une manière générale, il n’y avait aucun contact famille/école (sauf en cas de convocation des parents par les enseignants ou l’administration). Pour ce qui est de l’absentéisme, beaucoup de ces parents balayent ce phénomène d’un revers de la main : «L’absentéisme, et alors ?»
«Dans l’imaginaire collectif, nous explique le professeur, une fois que le parent met son fils à l’école, c’est l’Etat qui doit se débrouiller pour l’habiller et le faire manger et l’école doit le sortir avec un diplôme.» Ces parents d’élèves affirment aussi que les enseignants ne font pas le travail pour lequel ils sont payés et que «les directeurs d’établissement ne les respectent pas». Sur ce chapitre, on peut déduire que la responsabilité du décrochage scolaire chez l’élève est pour le moins partagé : il y a d’un côté la permissivité de l’Etat et, de l’autre, la démission des parents.
Enfin, en remarque conclusive, le Pr Benamar affirme que l’axe de recherche à laquelle elle a pris part en vue de cette journée d’étude sur le décrochage scolaire «a exploré le rapport à l’école de jeunes décrocheurs de moins de 16 ans et analysé quelques unités discursives extraites des entretiens. Considérant leur trajectoire contrasté, l’axe a tenté d’examiner les processus qui concourent à leur rupture».
Aussi, «l’approche préconisée cette année académique 2015-2016 devra être basée sur les entretiens approfondis à caractère biographique avec des enseignants et chefs d’établissement pour tenter d’émettre quelques hypothèses explicatives, car le résiduel quantitatif ne peut pas nous aider. Reste à décider, à travers d’autres trajectoires singulières de décrocheurs, les traits communs et les divergences nous permettant d’émettre de nouvelles hypothèses».
L’exigence de qualité
Les spécialistes préfèrent le terme «décrochage» pour parler de déperdition, car ils considèrent le phénomène comme une extension de l’absentéisme qui se solde par l’abandon. Cette question a été débattue lors de cette journée d’étude. A travers la loi d’orientation 08-04, le gouvernement s’était fixé, il y a huit ans, l’objectif de permettre à 90% des élèves scolarisés en première année primaire d’atteindre la quatrième année du cycle moyen en 2015 sans redoubler.
D’après les chiffres présentés par Baghdad Lakhdar, expert consultant en sciences de l’éducation, il y a un vieillissement de la population scolarisée à tous les niveaux et les redoublements explosent, notamment en première année du cycle moyen. «Le tiers des élèves scolarisés au primaire sont plus âgés que les autres. Au BEM, 61% des candidats sont plus âgés que l’âge normal alors que 96,51% des candidats au bac ont plus de 18 ans», a révélé l’expert. En bref, il y a un retard de scolarité à tous les niveaux.
Cependant, ce vieillissement de la population scolaire a-t-il permis une meilleure rétention des élèves et moins de décrochage ? Pas forcément, puisque les objectifs quantitatifs assignés se heurtent à la réalité d’une exigence de qualité et les disparités existant entre les établissements des 48 wilayas du pays, mais aussi le fossé qui se creuse entre les établissements d’une même commune. Ceci est à conjuguer avec les conditions sociales dans lesquelles évoluent enseignants et enseignés.
Sur ce point, Mme Rosa Mahdjoub, de l’Institut national de recherche en éducation (INRE), préconise une enquête approfondie pour «trouver le ou les coupables responsables de cette situation». Mme Nekkal Fatima, enseignante chercheure à l’université Oran 2, préconise : «Il faut des pratiques pédagogiques différentes avec plus de justice et d’humanisme (…) Certes, les taux de réussite augmentent d’une année à une autre, mais diminuent d’un palier à un autre.» Mme Nekkal a donné l’exemple de la Finlande où l’expérience du système s’éducation donne à l’école tout son sens.
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Reggane par le Nevada
En amont du processus de réalisation d’un nouveau timbre-poste, la documentation constitue une étape importante, voire décisive. De nombreuses administrations postales à travers le monde ont créé des services spécialisés chargés de mettre à la disposition du dessinateur les ressources documentaires nécessaires à l’accomplissement optimal de sa tâche.
Chaque dessinateur en charge de la conception d’un nouveau timbre se voit remettre un dossier comprenant la description de ce dernier, des photographies, textes et illustrations concernant le sujet à traiter,voire des timbres déjà émis sur le même thème ou sur des thèmes voisins. Chez nous, le dessinateur, sans aucun encadrement ni support, est livré à lui-même. Immanquablement, ce désengagement de l’administration postale de sa mission d’accompagnement de l’artiste impacte négativement le timbre, allant jusqu’à altérer le message qu’il est chargé de transmettre.
L’exemple illustrant le mieux notre propos nous est fourni par le timbre émis par Algérie Poste le 10 février 2010 sous la signature de Sid Ahmed Bentounès, en hommage aux victimes des essais nucléaires français effectués dans le Sahara algérien de 1960 à 1966 : c’est l’unique figurine postaleà sujet atomique consacrée par l’Algérie à cette tragédie après un demi-siècle de silence philatélique. Essayons de déconstruire son illustration afin d’identifier les sources iconographiques ayant permis à l’artiste de produire ce timbre.
En filigrane, une carte géographique de l’Algérie sur laquelle deux symboles nucléaires nous indiquent les deux sites ayant accueilli ces essais, en l’occurrence Reggane et In Ekker Le dessinateur fait apparaître une colonne incandescente de flammes et de fumée, un champignon atomique qui n’a aucun rapport avec le sujet de l’émission puisqu’il s’agit de celui produit par un essai nucléaire atmosphérique américain effectué le 18 avril 1953 dans le Nevada.
L’enveloppe «Premier jour» consacrée à ce timbre nous réserve, quant à elle, un autre anachronisme : son illustration n’est en fait que la reproduction d’une photo de l’agence suisse Keystone montrant un essai nucléaire français effectué en 1971 dans le Pacifique, plus précisément sur l’atoll de Mururoa, en Polynésie française. Les scientifiques le savent. Le champignon atomique est une signature spécifique, distinctive de chaque type de bombe.
Celui de Gerboise bleue, la première bombe atomique française d’une puissance quatre fois supérieure à celle larguée par les Américains sur Hiroshima, qui explosa le 13 février 1960 dans l’atmosphère de Reggane, figure sur une image d’archives déclassifiée, prise par les services photographiques de l’armée française, facilement accessible sur internet. Sans doute en est-il de même pour les trois essais atmosphériques qui suivirent.
Quant à l’effigie de la personne en premier plan sur le timbre, elle proviendrait d’une photographie illustrant la couverture du numéro 315 daté du 21 mai 1973 de la série consacrée par la revue française Historia Magazine à la Guerre d’Algérie (Editions Jules Tallandier). C’est dire combien était légère la manière avec laquelle ce sujet gravissime fut traité par la poste algérienne.
NB : Cet article est paru le 9 décembre 2015 sur le site www.philateliedz.com
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